La toute nouvelle république tunisienne est occupée à réaliser sa première bonne action : accueillir les réfugiés venus de Libye.
Entre les deux peuples, c'est de l'histoire ancienne, même si, avouons-le, les voisins sont souvent victimes des mêmes clichés que par exemple les Belges vis à vis des Français.
Que d'anecdotes, de récits de voyage croustillants, ou de blagues n'entendait-on pas avant!
C'était hier, dans les stations balnéaires de la côte, rien n'était laissé au hasard lorsqu'il s'agissait d'accueillir ces touristes d'un genre si particulier. Pour eux, le typique se résumait surtout à l'alcool et aux filles faciles.
Même les automobilistes locaux, dont le sens de l'hospitalité n'est plus à démontrer, savaient bien traiter de "ploucs" ces jeunes hommes à la barbe naissante, roulant au pas, vitre et bouche grandes ouvertes, le long du boulevard de la plage, pour admirer et sanctifier le spectacle de la vie, la vraie..
Et puis, après deux ou trois semaines de gaudrioles et un nombre impressionnant de descentes et de remontées du boulevard de la plage , les jeunes hommes repartaient dans leurs belles voitures blanches toutes neuves, le coffre bondé de cartons de lait, de pâtes alimentaires et de babioles invendables.
A, ça oui, on peut le dire, c'était le bon temps!
Aujourd'hui, c'est dans le grand Sud que ça se passe. Là-bas, pas de débauche, juste le vent et le sable qui s'affrontent pour savoir enfin qui sera le plus fort.
Aucun tour-opérateur, pas même les spécialistes habitués à vendre le forfait tout compris "désert en quatre jours avec nourriture locale et rencontre avec l'habitant" n'a daigné s'occuper des réfugiés. Ils ont préféré abandonner le marché à l'armée qui a installé de beaux villages de tentes, comme à la grande époque du Club Med.
Dans ces tentes, s'il y a bien des Libyens, c'est surtout les Tunisiens de retour au pays après l'aventure qui priment. Les chiffres sont impressionnants et demandent encore à être vérifiés.
Pour les autres, Egyptiens et travailleurs du Bangladesh, l'avenir s'annonce plus sombre encore.
Ce n'est pas le cas, enfin, des frères chinois et sud-coréens qui attendent les navires venus du pays dans les hôtels de Djerba. Ca tombe bien, il y a pas mal de chambre libres en cette période.
Les hommes du Sud se sont donc bien organisés pour recevoir et nourrir tout ce monde ; une sorte de resto du coeur, tout comme chez vous, mais sans pub ni bêlements, à part ceux des moutons.
Dès la tombée de la nuit, quand le vent vient chahuter les tentes, ils ont sûrement l'impression d'être en mer, d'entendre la voile claquer contre le grand mât, de percevoir les quelques mots brefs du capitaine qui demande à son quartier maître de garder le cap ; droit sur l'Europe...
Julius Marx
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