lundi 26 septembre 2011

Cérémonie


Les organisations humanitaires sont souvent décriées. Alors, lorsqu'une d'entre elles vous invite sur le terrain, pourquoi refuser une petite visite du  lycée d'enseignement professionnel de Port-Bouet ?
Nous sommes invités à l'inauguration d'un programme spécial appelé "Académie des talents".
Plusieurs partenaires ont pour but de former et d'intégrer des jeunes dans le domaine de la mode. L'ambassadeur du programme est Gilles Touré (si vous ne  connaissez pas encore cet illustre ivoirien, allez sur votre moteur de recherche préféré et admirez.)
La première attraction de Port-Boué, c'est la grande caserne abritant le régiment de l'opération Licorne.
Mais, ce matin, je suis plutôt tourné vers le côté positif des choses. J'écoute donc notre chauffeur qui nous raconte les incidents  de la veille dans le quartier de Youpougon  et l'intervention de la Licorne  qui a suivie, d'une oreille distraite. Les gamins qui collent leurs nez sur les vitres de la voiture en réclamant une petite pièce tentent de me faire basculer dans la déprime, mais, je résiste.
Une cérémonie, en Afrique, c'est un moment important que personne n'oserait railler. Aussi, quand la fanfare du Saint-Esprit (c'est son nom)  nous accueille, nous saluons ses musiciens comme il se doit. Deux charmantes hôtesses sont chargées de guider les officiels (eh oui, c'est nous... Et dire que je suis habillé avec un short et un tee-shirt !) Voila le maître de cérémonie  qui arrive à son tour. J'avoue que pendant les présentations, je me demande  bien comment il peut porter, lui, un costume et une cravate alors que le simple trajet de la voiture au bâtiment principal m'a  déjà mis en sueur. Je sors mon indispensable paquet de mouchoirs.
Tout est prêt. Les stands sont installés autour d'un carré de verdure. Les chaises en plastique, pour les parents et les invités, sont impeccablement alignées sous des bâches. Pour les personnalités importantes, on a prévu  deux canapés de salon de velours vert avec leur fauteuils assortis.Les élèves sont souriants, très impatients de faire admirer leurs productions. Cette impatience m'étonne un peu. J'ai souvent eu l'occasion de participer à ce genre de manifestation (là-bas, dans cette Europe prospère et heureuse) et jamais je n'ai remarqué un tel enthousiasme.
Avant l'arrivée des politiques et des bailleurs (ceux qui vont poser leurs fesses sur les canapés en velours)
je fais le tour des salles de classe. Bien sûr, les bâtiments sont plutôt sommaires mais les installations et le matériel  nécessaires, dans les ateliers coiffure ou modélisme, par exemple, sont bien au rendez-vous.
Les filles et les garçons, en uniforme de leur école partenaires respectives, m'accompagnent. Après les inévitables remarques sur le dur métier de professeur avec les personnes chargées d'encadrer ce joli monde, nous passons aux séances photo. J'ai beau affirmer que je ne suis pas un officiel et que je ne connais strictement rien à la mode, à la coiffure ou à l'esthétique,  qu'importe ! Je suis venu leur rendre visite, et il n'y a rien que ça qui compte.
Voilà la fanfare du Saint-Esprit qui remet çà. Les officiels (les vrais) arrivent.
Chacun a bien préparé son petit discours: le représentant du ministre promet, les bailleurs espèrent, les professionnels demandent, le public applaudit et la fanfare du Saint-Esprit joue!
Même la pluie n'a pas le pouvoir de bouleverser les réjouissances. Les danses et les présentations succèdent aux discours. Après d'autres inévitables séances photo, je dois penser à rentrer ( j'ai épuisé mon stock de mouchoirs.)
Une matinée complète et colorée sont le signe du sourire retrouvé. Oui, j'avais parfaitement raison de vouloir  rester  positif.
Julius Marx

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