jeudi 29 septembre 2011

L'exercice du style



Grand fan de romans noirs, j'épluche régulièrement la fameuse blogosphère. Je suis à la recherche d'un petit article qui m'offrirait  ; un avis tranché de rédacteur-lecteur, une sérieuse critique des motivations d'un auteur, bref, une analyse.Mais, la plupart des articles se contentent, après une présentation de l'écrivain (pimentée d'une petite anecdote), d'un long  résumé de l'intrigue (quelquefois l'ordre des choses est inversé) et d'une savante explication des différentes motivations des personnages.
Et puis, parfois, l'auteur de l'article s'égare de sa sempiternelle ligne de conduite en approuvant (ou en désapprouvant ) le choix du sujet du bouquin. Certain vont même jusqu'à se poser des questions!
Mais, la vraie question est : à quoi peut bien servir une telle critique alors que l'on peut  lire,  dans les vieux journaux qui subsistent le même genre d'article?
Si la démarche de ces vieux journaux et de leurs vieux journalistes est compréhensible (ils ont l'obligation de faire du chiffre pour relancer la croissance) celle des blogueurs me laisse songeur.
Comprenez moi bien, ce n'est pas l'envie de polémiquer qui me hante, mais celle plus tenace et plus originelle  d'ouvrir un indispensable dialogue.
Personne, par exemple, ne parle du style.
Personne pour souligner que ce fragment  d'un roman de Ron Rash  est d'une platitude extrême.
"La route tournait et s'enfonçait plus profondément dans la vallée. Je suis passé devant la maison de mon frère Travis, et puis devant celle où j'avais grandi. Papa travaillait dans le champ du bout. Les panaches de poussière s'élevant derrière son tracteur  révélaient tout du genre d'année que l'on semblait avoir."
Personne donc pour conseiller aux lecteurs de balancer Ron pour acheter illico un bouquin de Himes ou Mc BainSi le roman noir est un gagne-pain, ce n'est pas une raison pour le fabriquer dans une boulangerie industrielle. J'ai toujours préféré le petit commerce aux grands super-marchés.
Nous sommes  là dans une démarche similaire à celle qui a complètement discréditée les vieux médias et
je m'étonne de constater que les blogueurs jouent le jeu de la consommation effrénée (certains vont même jusqu'à indiquer le prix du bouquin en dessous de sa couverture) sans se poser trop de questions.
La consommation (comme l'a dit un autre écrivain qui lui, n'écrivait pas de polar) qui est, comme chacun devrait le savoir, "la sommation aux cons."
Julius Marx

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