mercredi 14 septembre 2011

Naples, en haut, à gauche.


De Naples, nous avons déjà parlé, avec le merveilleux Domenico Rea ( voir l'article "L'or de Naples" de 2010), mais aussi grâce à la sublime Anna Maria Ortese et son recueil de nouvelles "La mer ne baigne pas Naples".
Mais, Naples est fiction  et il nous faut poursuivre avec Erri De Lucca. Si l'homme (et pour une fois ce mot n'est pas galvaudé) s'est fait connaître grâce à Montedidio, il faut puiser dans son oeuvre déjà conséquente et dénicher un petit recueil nommé "En haut, à gauche". L'ensemble des textes de ce livre est d'une sensibilité et d'une émotion rare. La preuve, je ne peux me décider à privilégier un texte plutôt qu'un autre pour vous en livrer un  petit extrait! Alors, voici  l'introduction pour la première partie de ces textes intitulée "Les coups des sens". Savourez..
"Je suis d'un siècle et d'une mer mineurs. Je suis né en leur milieu, à Naples  en 1950.
De ce faux centre, apparence de tribune numérotée, je n'ai connu aucune profondeur de champ ni de détail.J'ai compris peu, mal le temps et les actions. En hôte embarrassé, j'en ai retenu les signes. Je veux les laisser à un petit-fils curieux, peut-être touché par l'atrocité et la modestie des vies qui l'ont précédé.
J'aligne, un pour chaque sens, les coups qui se sont arrêtés par hasard et à dessein dans mes souvenirs. Je n'ai nulle disposition pour le témoignage, aucune vocation de chroniqueur, je ne sais rien des étoiles filantes, des pistes sonores, mais je pense à deux dés, un champignon, une petite dame, une fiasque : pions d'un Monopoly autour duquel passer ses dimanches.
Entre un cri et un bouillon (titres de deux des textes suivants), il est resté ce que je sais. Autour de moi, il y avait un monde distant, expert, qui refaisait à l'aveuglette des gestes de seconde mère."
Erri De Lucca "En haut, à gauche"( Rivages Poche) 1998
Rassurons-nous, le vieil adage "Voir Naples et écrire" est toujours d'actualité.

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