vendredi 9 mars 2012

Voyager, c'est bien utile..





On le sait : voyager, c'est bien utile, ça fait travailler l'imagination.
Alors, comme pour mieux ajuster les paroles de la chanson sur les mots de mon existence, me voila parti dans un pays mystérieux.
Du voyage en aéroplane je ne parlerai pas.Ne perdons pas de temps et postons-nous tout de suite devant le tapis roulant pour contempler la valse lente de nos valises sur la surface caoutchoutée comme le font  les déchets de notre société avancée sur l'onde d'un ruisseau de montagne.
Les vingt kilos réglementaires sur le dos, je fais comme tout le monde, je m'engouffre dans un bus. Pour l'improvisation, on verra plus tard.
Les vingt kilos sur les genoux, je jette un oeil discret sur la ville endormie. Les bâtiments sont gigantesques et illuminés. Pour  qui ? On ne voit pas beaucoup de piétons. Tout les habitants sont comme moi, enfermés dans un bus ou dans leurs voitures. On se presse, on s'active. Là-bas, au bout de la bretelle d'autoroute, il y a sûrement un paradis qui nous attend... un doux moment d'extase.. peut-être même de jeunes vierges, qui sait?
Les portes s'ouvrent. On se pousse, on veut être le premier. Je comprend ça, un paradis, ça ne se refuse pas.
L'Eden, ce sera  pour plus tard. Pour le moment, nous entrons dans un vaste hall outrageusement éclairé. Mes copains du bus s'éparpillent un peu partout. Je fais comme eux, je cours droit devant. On se bouscule au portillon, on saute, on escalade, on grimpe puis on vacille de l'autre côté. L'imbécile à la grosse valise est impitoyablement piétiné. Mais, inutile de se rebiffer, une autre épreuve bien plus périlleuse l'attend. La jungle  majestueuse est là, devant ses yeux ébahis. Il a donné son numéro de carte bleue pour la découvrir, il va être servi !
Tout est bien organisé, une sirène retentit. Les coureurs s'élancent. L'imbécile se sert de sa valise comme d'un bouclier. Une jeune fille au charmant minois grogne :
-Ca, c'est mon pied!
-Désolé, je fais ce que je peux
-Minable !
Ca y est ! Les lourdes mâchoires du monstre se referment. Nous sommes dans le ventre du grand serpent du réseau express régional. Alléluia !
A l'intérieur, ce qui frappe ce sont  les mines blafardes, les teints cireux et les yeux baissés ou clos de la plupart des autochtones.Ces hommes et ces femmes sont trop bien nourris, ça sa voit. Il ne faut que quelques minutes tout au plus pour s'apercevoir que leur survie dépend uniquement d'un petit appareil qu'ils serrent  entre leurs mains fiévreuses. Ce qu'il y a dedans? Je ne peux le deviner. Peut-être un sérum physiologique au pouvoir régénérateur ...
Pas le temps de me poser d'autres questions du même type. AMMAMALOCCUTO !
Je m'aperçois que la serviette contenant mon ordinateur portable que je tenais serrée entre mes jambes s'est envolée! Les portes s'ouvrent, je bascule sur le quai.
-Ca arrive tous les jours, m'annonce un grand black avec une casquette de baseball sur la tête.
-Ah bon..
-J'aimerai pas être à ta place mec.
-Merci.
Une grosse femme me donne plus d'explications. Elle parle de bandes organisées venant des pays de l'Est.
Je savais bien que Poutine était dans le coup, avec une tête comme la sienne, j'aurai du me méfier.
Dans ma chambre, j'ôte mon casque colonial et délasse mes pataugas. Je suis éreinté, vidé, ruiné.
J'allume la télévision. Toutes les chaines ne parlent que des élections prochaines, pas un mot sur le vol de mon ordinateur.
C'est décidé, demain, expédition  dans ces grands hangars où tous les habitants de cette ville se pressent pour acheter. Il semble qu'une relation voleur-volés se soit établie entre les deux parties.. Je mènerai ma petite enquête. Mais, ça, c'est demain, pour l'instant j'ouvre la fenêtre pour contempler la lune. Impossible. Trop de nuages.
Julius Marx

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