lundi 4 juin 2012

Journal d'un idiot (3)




Samedi
Quelle soirée! Comme dit l'autre, ce soir-là, j'aurais mieux fait de me casser une jambe.
Qu'est-ce qui m'a pris d'accepter l' invitation à dîner de mon proviseur ? J'avais pourtant juré de ne jamais mélanger le travail et les loisirs.
Quel repas ! Que des plats indiens épicés. Le pain remplacé par des petits trucs tout plats avec une  drôle d'odeur . Le riz avec des tas de petits morceaux de légumes ou je ne sais quoi dedans ! Enfin, un repas (si on peut appeler cela un repas) pas de chez nous.  Il n'y a pas assez de bons produits en France?
Mais le pire, c'était la conversation. Par galanterie, je me suis placé de moi-même à côté d'une femme attifée comme l'as de coeur. Les tempouras-machins à peine avalés, elle se met à me parler de Jean-Luc Mélanchon ! Une demie-heure plus tard, j'en avais tellement assez de hocher la tête comme un imbécile que je lui balance tout de go : " Ils bouffent des tempouras-choses au Goulag?"
Ils se sont tous arrêté de manger pour regarder dans ma direction.
Le proviseur m'a demandé si je plaisantais. Je me suis étranglé avec une boule de pain.
A la fin du repas, alors que je regardais sa bibliothèque il m'a demandé si je voulais un livre.
Moi, j'admirais plutôt le meuble mais, j'ai quand même répondu :" D'accord. Avec plaisir".
Il m'a proposé "L'idiot" d'un russe dont j'ai oublié le nom. Quelle absurdité, pourquoi pas le journal d'un fou ? J'ai choisi La reine des pommes. Au moins, comme çà, j'apprendrai quelques recettes.
Il faut absolument que j'évite les communistes. Mon psy affirme qu'ils sont à l'origine de ma psychose induite.

Dimanche
Enfin une conversation avec une personne qui a la tête sur les épaules . En achetant mes croissants, j'ai longuement discuté de Sa Majesté la reine d'Angleterre avec ma boulangère. Nous sommes tombés d'accord pour dire que tous les grands de ce monde sont bien utiles pour nous faire oublier nos problèmes et puis la crise.
J'ai fait le test "ressentez-vous les ondes négatives?" dans mon magazine.
J'ai coché tellement de case que je ne savais plus où j'en étais.
Pour retrouver un peu de pep's j'ai visionné une vidéo de Joe Dassin sur Youtube. Voila un homme, un vrai, il nous manque et ses textes si réalistes aussi. Je suis un grand nostalgique des années Giscard. C'était une époque de grands poètes malheureusement trop tôt disparus.
Rendez-nous nos artistes, rendez-nous Danielle Gilbert Mireille et les autres.
Dans la nuit, j'ai rêvé que je faisais du vélo avec Michel Drucker au Bois de Boulogne.
Des hommes armés aux uniformes kaki sont sortis des buissons et nous ont obligé à chanter l'International.
Michel leur a parlé de Claude François, il se sont endormis. C'est à ce moment là que je me suis réveillé.


Lundi
J'ai mal au coeur. C'est sûrement la bouffe indienne de samedi soir. J'ai téléphoné au prof de sport pour qu'il prévienne la CPE de mon absence.
Il m'a répondu "pas de problème mon pote". Et, avant de raccrocher, il m'a lancé en rigolant : "Garde ton zob bien au chaud dans ton froc." J'ai éclaté de rire.
Il faudra que je demande à mon psy si c'est une réaction normale.

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