mercredi 20 mars 2013

Pour faire un feu


L'homme (le narrateur) est en maison de désintoxication. Il est assis sur la véranda. Face à lui, de l'autre côté de la vallée, derrière la colline verte,  on pourrait facilement apercevoir l'ancienne grande maison de Jack London, si elle existait encore.

Je m'adosse à la marche derrière moi et je croise les jambes. Peut-être que cet après-midi, plus tard, j'appellerai ma femme. Et après, j'appellerai pour savoir comment va ma nana. Mais j'ai pas envie d'avoir son môme à la redresse au bout du fil. Si j'appelle, j'espère qu'il sera allé quelque part, faire ce qu'il fait quand il est pas à la maison. J'essaye de me rappeler si j'ai déjà lu des livres de Jack London. J'arrive pas à me souvenir. Mais j'ai lu une histoire de lui à l'école."Pour faire un feu", ça s'appelait. C'est un type qui est en train de geler dans le Yukon. Imaginez ça- il va mourir de froid s'il arrive pas à allumer le feu.Avec du feu, il peut faire sécher ses chaussettes et ses affaires, et se réchauffer. Il allume son feu, mais alors voilà autre chose. Un paquet de neige tombe dessus. Il s'éteint. Pendant ce temps, la température baisse de plus en plus. La nuit tombe.
Je sors un peu de monnaie de ma poche. Je vais d'abord essayer chez ma femme. Si elle répond, je lui souhaiterai une Bonne Année. C'est tout. J'élèverai pas la voix. Même si elle me cherche des crosses. Elle me demandera d'où je l'appelle , et je serai bien forcé de le lui dire. Je parlerai pas de bonnes résolutions du Jour de l'An. C'est pas un sujet de plaisanteries. Après, j'appellerai ma nana. Peut-être que je l'appellerai d'abord. Mais j'espère que c'est pas son môme qui décrochera.
-Hello, mon chou, je  dirai quand elle répondra. C'est moi.
Raymond Carver 
Là d'où je t'appelle
In - Cathedral ( Les Vitamines du bonheur)

Le Printemps des poètes, c'est un rude hiver pour les extrémistes, une tempête pour les fanatiques, un ouragan pour les profiteurs.

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