jeudi 21 mars 2013

Zibaldone



De 1817 à 1832, Giacomo Leopardi a consigné systématiquement, dans un cahier de notes de plus de 4500 pages, des réflexions diverses, des esquisses de poésies, des notes de lectures.
La singularité de ce "journal"  réside dans le va-et-vient, d'une réflexion ou d'un sujet à l'autre.
Voici donc, sous cette même forme, d'autres notes, poésies ou fragments de textes d'écrivains.
Ce recueil, qui paraîtra sous ce même nom dans ce blog, débute, et c'est bien là le moins que je puisse faire, par deux phrases du Maître lui-même et se poursuit, et se poursuivra, par d'autres, d'univers de lieux et de cultures différents.

J'entends de mon lit sonner (battre) l'horloge de la tour. Souvenirs de ces nuits d'été de mon enfance, où, seul dans mon lit, dans ma chambre obscure aux volets clos, j'entendais, entre peur et courage, battre cette horloge. Ou encore, la même situation dans la profondeur de la nuit, ou au matin : encore silencieux, et devenu adulte.
Giacomo Leopardi (Zibaldone)

C'est une bien belle illusion que celle des anniversaires, qui nous fait dire, quoique ce jour n'ait rien de plus à voir avec le passé que n'importe quel autre: aujourd'hui telle chose est arrivée, aujourd'hui j'eus telle joie, je fus affligé, etc., et il nous semble vraiment que ces choses qui sont mortes pour toujours et ne  peuvent plus revenir, revivent cependant et sont présentes comme une ombre.
Giacomo Leopardi (Zibaldone)

Je suis poète, je suis un poète, quelle différence cela fait-il entre les deux formulations?
Je suis poète pour moi seul,et pas poète pour les autres, puisque inconnu pour autrui. Comme je leur suis inconnu , je perds ma qualité de poète. Si les autres ne me connaissent pas poète, donc, je ne suis plus poète ni un poète. Je suis une histoire totale de la solitude.
Abdelmajid Benjelloun


On est moins sensible à ce qu’on a qu’à ce dont on manque. Ils manquent de technique ; nous voudrions bien sortir de l’impasse dans laquelle trop de technique nous a conduits : cette sensibilité saturée par l’Information, cette Culture distraite, “au second degré”. Nous comptons sur leurs recettes pour revivre, eux sur les nôtres, pour vivre. On se croise en chemin sans toujours se comprendre, et parfois le voyageur s’impatiente ; mais il y a beaucoup d’égoïsme dans cette impatience-là.  
 Nicolas Bouvier (L'usage du Monde)

-Ca va pas? Tu devrais prendre de la Dramamine.
-C'est quoi, ça?
-C'est pour le mal de l'air.
-C'est pas pour moi. Moi, ce que j'ai, c'est le mal de terre.
Shadows-John Cassavetes-(Dialogues)

Quand le crépuscule de la nuit vint agrémenter son logis d'une mélancolie pernicieuse.
Pierre Mac Orlan (Le quai des Brumes)

Nous sommes tous sur terre pour aider les autres. Mais, ce que je ne comprends pas, c'est ce que les autres font là.
W.H.Auden

(A suivre)

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