jeudi 11 juillet 2013

Edith



"Nous vivons dans un monde politique, déclara Edith. Vous jouez tous le jeu d'une politique pourrie: prendre un air embarrassé, temporiser, n'importe quoi pour éviter d'énoncer la vérité toute nue!
-Edith...Il ne s'agit pas de politique, mais de la vie quotidienne. C'est du b-a-ba de la vie que nous parlons tous.
-Non! Vous vous attendez à ce que je me contente d'une maison chaude en hiver, d'une nourriture suffisante, et de la télévision! Vous pouvez tous aller au diable! Il y a encore des gens qui ont de la cervelle. Même mon chat a plus de cervelle, plus de jugement et un meilleur sens des proportions."

Dans le désormais cultissime Journal d'Edith  de Patricia Highsmith, point de violence, de meurtre ni de policier. Non, Edith  sombre à  petit feu, victime de l'absurdité du monde qui l'entoure ( les réjouissances débutent par la douce période du maccarthysme pour s'achever par la débâcle vietnamienne en passant par le règne pestilentiel de Dick le félon) mais aussi de son courageux mari qui file vers des cieux plus cléments aux premières difficultés, de l'oncle impotent dont elle doit s'occuper chaque jour, sans oublier le fiston qui, entre deux masturbations frénétiques dans une chaussette, a une fâcheuse tendance à biberonner.
Heureusement, Edith écrit. Dans son journal idéal (parce que fiction) elle transforme au fil des années et des chapitres, la triste réalité en banalité magique.
Impossible de ne pas penser à  la nouvelle de Flaubert Un coeur simple , ce récit , comme l'a écrit l'auteur "de la vie obscure d'une fille de ferme dévouée sans exaltation et tendre comme du pain frais. Elle aime successivement  un homme, les enfants de sa maîtresse, un neveu, un vieillard  qu'elle soigne puis son perroquet. Quand le perroquet meurt, elle le fait empailler et en mourant à son tour finit par confondre le perroquet avec le Saint-Esprit."
Ainsi, Edith glisse lentement et discrètement dans la folie mais on peut se demander ( lecteur tu as tous les droits) où se situe vraiment le rationnel ?
Ceci me fait penser à une blague que je racontais gamin. Il s'agit d'un fou qui passe la tête au-dessus du mur d'enceinte de l'asile où il est enfermé.  La première question de l'interné à l'homme qui passe est:
  -Vous êtes nombreux là-dedans?
Julius Marx
Vous pouvez aussi visionner ce reportage où l'auteur parle de la solitude, de la vie etc..
Amusez-vous.
http://www.ina.fr/video/CPF86642006/patricia-highsmith-video.html

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