mercredi 3 juillet 2013

Mes aventures de sieste (3)

Imaginez un peu la situation. Me voici au fin fond du grand désert blanc avec Mason, sa femme Ruth (une jeune indienne) et le grand Malemute Kid. Les chiens de notre attelage n'ont pas mangé depuis deux longs jours et deviennent dangereux. Et encore, s'il n'y avait que ça!



Déjà regrettant sa colère, mais trop entêté pour s'en excuser, Mason se mit à la tête de la cavalcade sans soupçonner qu'un grand danger planait dans l'air. Dans le terrain bas et abrité qu'ils traversaient, il y avait beaucoup de grands arbres au milieu desquels il se frayaient un chemin, non sans peine. Un immense pin s'élevait à cinquante pieds de la route qu'il dominait; depuis des générations, il était ; et pendant ces longues années le destin l'avait gardé pour un but déterminé; peut-être avait-il décidé du sort de Mason...
Celui-ci se baissa afin de serrer la courroie d'un de ses mocassins qui allait se défaire; les traîneaux marquèrent un temps d'arrêt et les chiens se couchèrent dans la  neige sans un murmure. Le calme était impressionnant. Pas un souffle ne glissait à travers la forêt durcie par la gelée; le froid et le silence de l'immensité avaient glacé le coeur de la nature et arrêté ses lèvres tremblantes. Un soupir passa dans l'espace; ils le sentirent plutôt qu'ils ne l'entendirent ; c'était comme l'annonce d'un mouvement au milieu de cette immobilité et de ce vide. Alors le grand arbre, lourd du poids des années et de la neige, joua son rôle dans le drame de la vie. En entendant le craquement sinistre et significatif, Mason voulut bondir; il était trop tard !... Et il reçut presque debout le coup formidable qui s'abattit sur son épaule...

C'est  bien un vent glacial qui s'engouffre maintenant dans la pièce , où alors , suis-je déjà dans le rêve?
Julius Marx
Texte : Jack London ( Le silence blanc)
Image : Clark Gable et Loretta Young in The call of the wild (William.A. Wellman 1935)

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