Au fond, les
hôtels de luxe des grands groupes américains pour touristes assoiffés d’exotisme
all-inclusive ne sont que le reflet
quasi-parfait de ce qu’est devenu notre monde. Ici, absolument tout doit être d’une
perfection lisse. Le décor, tout d’abord ; des alignements incongrus de colonnes, des
dizaines de sphinx, de béliers, bien plus soignés que les originaux !
Ensuite, vient le discours où chaque mot, on le sent, a été pensé et digéré par
les cadres de la maison-mère. La nourriture est aussi aseptisée que la parole
échangée ; ici le poulet industriel à le même goût que le poisson même si
le menu, habilement recopié dans des manuels culinaires, se veut alléchant. La
bouteille d’eau minérale, qu’on vous colle d’office sur la table, est
aimablement fournie par la maison Nestlé et vous coûte la bagatelle de 25
livres (2 euros et demi)(1) Et puis, il y a cette sempiternelle musique
qui doit accompagner chacun de vos pas ; de style guimauve pour l’intérieur
et syncopée pour l’extérieur.
L’offre est
quasi-permanente. Tout est mis en place pour une con-sommation, tout se réduit
à une simple question d’économie. Le sourire n’apparaît qu’à partir d’une
certaine somme dépensée. Oui, c’est bien le reflet de la société d’aujourd’hui :
une minorité de possédants soignés,
cajolés, par une armada de possédés.
Mais, les
clients se moquent bien de l’uniformisation de l’offre comme celle de notre
monde. Le voyage n’existe plus, remplacé par le simple déplacement. On vient
consulter ses mails sur une plage de sable fin devant un paysage époustouflant,
on prend une photo et puis, on rentre chez soi.
Ah, j’oubliais,
il y a aussi les 10 livres facturées sur la note pour l’Unicef locale. L’entreprise
est responsable et citoyenne. L’entreprise ne veut que notre bonheur et celui
des enfants du monde entier.
Alors,
pourquoi s’imposer huit heures de bus, une heure de route en plein désert et
une note aussi salée que la mer pour rejoindre ce Paradis artificiel ?
Pour le
fantastique spectacle des fonds marins (difficile de vous le faire partager, ma
liste de superlatifs reste trop limitée) et les couchers de soleil.
Moi aussi j’ai
pris une photo, pour vous.
Julius Marx
(1) A titre indicatif, il faut savoir qu’en Egypte une famille pauvre mange avec 15 livres par jour.
(1) A titre indicatif, il faut savoir qu’en Egypte une famille pauvre mange avec 15 livres par jour.
Pour "compléter" cet article de mauvaise humeur, il faut lire l'article de Serge Quadruppani "La fin du voyage" (lien sur mes blogs) beaucoup plus documenté et incisif.
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