lundi 14 septembre 2015

Mieux vaut fuir la vie?




La route.
longue ligne droite
qui finit par plonger
dans un des premiers matins embrumés.
Ils sont deux.
Deux gamins décharnés,
deux fantômes.
Un de chaque côté
un blanc,
un noir.
Ils peignent les bordures de la route.
Le blanc a choisi la peinture noire
et le noir la blanche.

Pas la peine de chercher un travail plus inutile
et le vent, lui-même, ce traître,
s’amuse d’un tel boulot.
Mètre après mètre,
ils avancent par petits sauts de côté
comme deux crabes.
Un blanc,
un noir.
Des gouttes  dégringolent
sur leurs chaussures, sur le bitume.
Des gouttes noires,
des gouttes blanches
comme de la sueur,

des larmes inutiles.

Julius Marx
(Egypte 2015)
Image : Paul Klee.

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