LOS ANGELES/ MERCREDI 10 DECEMBRE
1941
02h34
Sa chambre
est devenue la chambre de Ward, à présent. Son matériel et ses produits chimiques
sont dans le placard. Il peut se préparer une potion pour trouver le sommeil.
Il prend des ampoules de valériane et de fo-ti. Il les emporte dans la salle de
bains et fait couler de l’eau dans une timbale. Il y ajoute le contenu des
ampoules. Le mélange a un goût de boue astringente. Il l’avale d’une traite.
Les points
lumineux reviennent. Il prend appui sur les murs pour regagner la cuisine. Le fauteuil à
bascule de Mariko flamboie d’une couleur étrange.
Il s’y
laisse tomber. Il se balance doucement et se retrouve dans un lieu bizarre. Cela
ressemble à la chambre forte d’une banque. Les billets de banque ne sont pas
verts, mais violets. La fille Lake et le jeune Bennett ont pratiqué le seppuku. Leur sang à la couleur que
devraient avoir les billets de banque. Le jeune Bennett est sous une pomme de
douche. Des éclaboussures rebondissent sur l’objectif d’une caméra secrète. Il
tente de représenter un panneau « STOP » en kanji. Kay lui souffle
au visage la fumée de sa cigarette.
Il entend des
coups de feu. Ses yeux le brûlent. Il les ouvre et voit la lumière du jour à
travers la fenêtre. Le premier coup de feu, c’était la cloche de la banque. Il
cligne des yeux et voit l’horloge de la banque. Les aiguilles marquent 1h30.
Les coups de
feu, c’est la sonnette de la porte d’entrée. L’eau, c’est sa transpiration et
son urine. Le monde, c’est le fauteuil à bascule sur le plancher.
Il se dirige
vers la porte en trébuchant. Il l’ouvre. Bucky Bleichert est devant lui.
-Hideo, je
regrette. Je n’ai vraiment pas pu…
Il le frappe
et le frappe et le frappe. Belmont 1935, vert et noir pour la vie. Bucky ne
bouge pas. Il encaisse les coups.
Il le
frappe. Le sang de Bucky est d’une étrange couleur nouvelle. Il le frappe jusqu’au
moment où il n’a plus la force de lever les mains.
James Ellroy
Perfidia
Voilà, c'est reparti... un nouveau quatuor..et c'est pas de la musique de chambre!
Je connais la perfidie de ton amour et pourtant, pourtant, je t'aime toujours.
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