mardi 1 septembre 2015

Journal d'un migrant (17-18)




Ville de miroirs (Venise 7 août 2015)


Période estivale. Deux mois chauds où des individus se précipitent vers des contrées magnifiques habituellement réservées aux solitaires.
De nos jours, le voyage désorganisé est un vrai luxe. Evidemment, il faut du temps, beaucoup de temps même, au voyageur pour réussir (ou plutôt devrais-je dire pour rater) son séjour. Sans aucune réservation, sans ordinateur portable avec système GPS, sans guide assermenté, il n’aura de cesse d’expliquer à ses compagnons d’infortune les éléments poétiques, historiques et culinaires contenus dans le seul verbe « déambuler. »
Bien sûr, ses nerfs lâcheront lorsqu’il visitera pour la troisième fois la zone industrielle de Padova avant de trouver enfin l’entrée de l’autoroute. Il versera même des larmes de rage, vaincu, en entrant dans un fast-food de Bologne pour demander si quelqu’un pourrait avoir la gentillesse de lui indiquer la Via Lenin !



Mais, il se souviendra probablement toute sa vie de l’ombre dans ces jardins de Palais vénitiens, des silences feutrés et des odeurs âpres des chapelles, des escaliers qui ne mènent nulle part, des maisons perchées, et surtout du sourire tendre de la patronne du restaurant, les regardant, sa fille et lui, se régaler de seiches grillées, de sardines confites, d’une salade de poulpes mémorable et de desserts simples.
Venise, la sérénissime. Simplement pour oublier qu’il existe aussi un autre monde.

Hélas.
Julius Marx (Venise 8 août 2015)

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