dimanche 24 mars 2013

Alors, et la Tunisie ?




Bien, commençons par des nouvelles des habitants de notre village.
Visiblement, notre libraire (qui affiche clairement ses préférences pour les hommes au système pileux développé) a décidé de ne plus vendre de journaux européens. C'est bien dommage car nous étions vraiment habitués aux petits groupes de fillettes qui, sortant de l'école , se regroupaient devant la librairie pour feuilleter en douce les magazines de mode. Leurs rires et leurs gloussements nous manquerons. Quant au poissonnier, il vend toujours du poisson, mais de plus en plus de clients ne peuvent payer cash les maquereaux, sardines ou autres poulpes.Le crédit semble être l'unique recours pour un pourcentage très important des villageois. Il me montre le petit cahier d'écolier où sont consignés les noms des clients. A l'évidence, les sommes dues inscrites en dessous de chaque nom sont beaucoup trop élevées pour les revenus des habitants. A lui seul, ce cahier pourrait facilement servir de modèle à un professeur d'économie pour expliquer l'inflation.
Pendant ce temps-là, dans la ville toute proche, des prêcheurs ( qui se moquent de l'inflation qu'ils considèrent probablement comme une invention du Diable) officient devant les lycées en promettant aux jeunes qui les écoute le Paradis ; la farce du bonheur néo-libéral version mystique.
Mais, retrouvons notre philosophe de la rue-propre. Ce matin, perché sur son escabeau branlant, il est très occupé à cueillir les boutons de fleur d'oranger. Dans toutes les rues et ruelles adjacentes, des hommes, des femmes et des ancêtres, se livrent à la même cueillette ancestrale. Malheureusement, chers lecteurs, il m'est impossible de vous faire sentir l'odeur suave et sucrée des rues à travers ces quelques lignes. Soyez sûrs que je le regrette amèrement.
Le philosophe de la rue-propre me salue et me donne pour la quatrième ou cinquième fois la recette pour obtenir une magnifique fleur d'oranger. Je le remercie encore une fois. Pourquoi lui dire qu'il me reste encore au moins deux litres du précieux nectar, donné par une vieille dame, il y a maintenant au moins deux ans ?
Au moment de se quitter, nous sommes tous les deux d'accord pour affirmer que la cueillette de la fleur d'oranger est toujours autorisé par tous les partis. Oui, mais, pour combien de temps encore?
Revenu chez moi, je retrouve ce texte que je vous livre in-extenso.

"Un généalogiste prouve à un prince qu’il descend en droite ligne d’un comte dont les parents avaient fait un pacte de famille, il y a trois ou quatre cents ans avec une maison dont la mémoire même ne subsiste plus. Cette maison avait des prétentions éloignées sur une province dont le dernier possesseur est mort d’apoplexie : le prince et son conseil concluent sans difficulté que cette province lui appartient de droit divin. Cette province, qui est à quelques centaines de lieues de lui, a beau protester qu’elle ne le connaît pas, qu’elle n’a nulle envie d’être gouvernée par lui ; que, pour donner des lois aux gens, il faut au moins avoir leur consentement : ces discours ne parviennent pas seulement aux oreilles du prince, dont le droit est incontestable. Il trouve incontinent un grand nombre d’hommes qui n’ont rien à perdre ; il les habille d’un gros drap bleu à cent dix sous l’aune, borde leurs chapeaux avec du gros fil blanc, les fait tourner à droite et à gauche et marche à la gloire.
Les autres princes qui entendent parler de cette équipée y prennent part, chacun selon son pouvoir, et couvrent une petite étendue de pays de plus de meurtriers mercenaires que Gengis Khan, Tamerlan, Bajazet n’en traînèrent à leur suite.
Des peuples assez éloignés entendent dire qu’on va se battre, et qu’il y a cinq à six sous par jour à gagner pour eux s’ils veulent être de la partie : ils se divisent aussitôt en deux bandes comme des moissonneurs, et vont vendre leurs services à quiconque veut les employer.
Ces multitudes s’acharnent les unes contre les autres, non seulement sans avoir aucun intérêt au procès, mais sans savoir même de quoi il s’agit.
Il se trouve à la fois cinq ou six puissances belligérantes, tantôt trois contre trois, tantôt deux contre quatre, tantôt une contre cinq, se détestant toutes également les unes les autres, s’unissant et s’attaquant tour à tour ; toutes d’accord en seul point, celui de faire tout le mal possible. Le merveilleux de cette entreprise infernale, c’est que chaque chef des meurtriers fait bénir ses drapeaux et invoque Dieu solennellement avant d’aller exterminer son prochain."

Alors, de qui peut bien être ce texte prophétique ?
D'un courageux journaliste du site Mediapart,
d'un responsable de parti politique,
d'un représentant divin,
d'un haut-fonctionnaire de l'ONU,
d'un dirigeant d'une grosse multinationale implantée en Suisse....
Allez savoir...
Julius Marx

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