mardi 7 juin 2011

Et les étoiles ne regardent jamais en bas (33)






Appendice nasal très au-dessus de la moyenne
Un chapeau noir, des babines de ruminant..Ah...L'objectif déforme totalement le visage.
 "Heureusement pour lui", pense l'employé.
Il s'approche encore un peu plus de son écran de contrôle.
La voix de l'homme lui envoie une décharge de 300 volts, soudaine, fulgurante.
-Je suis Maître Richard !
L'électrocuté accuse le coup. Il balance vers l'écran-friend de son ordinateur.
La liste des membres ... Voila... Richard... C'est bon.
Son pouce enfonce le bouton rouge commandant l'ouverture de la porte.
Ensuite tout va trop vite pour lui. Une meute pénètre dans le hall.
On crie, on vocifère..
Lui, n'a que le temps de dire simplement "mais" avant d'avoir la mâchoire fracturée par un coup de crosse.
Il bascule vers l'avant d'un seul et unique mouvement et va s'écraser contre la vitre de sa cabine-protection.
L'homme fait un pas de côté pour éviter d'être éclaboussé par le sang qui gicle de la bouche du gardien.
Il ressort de la cabine, considère les hommes du commando  qui se dispersent dans les couloirs. Il a un rictus amusé en voyant les employés qui courent comme des fourmis affolées.
Blanquart se plante à côté de lui. Il épaule et arrose copieusement les objectifs des caméras de surveillance.
Des éclats volent partout. Et puis, une fumée noirâtre enveloppe la scène.
Richard est plaqué contre le mur. Il tente de parler mais, sa bouche bat spasmodiquement en contrepoint des secousses de ses jambes.  Ses yeux disent : c'est ça la guerre .... ?

Deuil
Noir total. Il lève les yeux au plafond. Soupire.
"Bon sang ! tu ne vas pas trouver la réponse écrites sur les dalles de polystyrène! "
La porte s'ouvre et cogne contre le mur. Un type aux joues rouges se pointe. Il court vers l'armoire métallique, balance un grand coup de pied dans la porte et sort une boule de chiffon crasseuse de l'armoire.
-Qu'est-ce qui se passe Paul? demande l'autre.
-C'est le bordel, répond Paul  en libérant un vieux Luger chambré en 7,65mm. de la boule de chiffon.
En trois pas, Paul sort de la pièce.
L'autre plonge sous le tableau de commande des écrans et disparaît entre les cordons et raccordements électriques. Sa main vient refermer les volets du placard.

Mais, qu'est-ce que?
-Oui, des coups de feu, confirme Sarah
Berne tourne la tête. Sur  son gros combiné téléphonique, toutes les touches sont rouges.
Sarah se lève . Berne se met à sangloter. Il  attrape le cadre photo devant lui, embrasse sa femme et ses rejetons.
-Pardon... pardon, dit Berne en fixant le cadre avec les yeux d' un dément.

-Allo !
Un drôle de grognement rauque, inhumain , jaillit du combiné.
Mamadou sursaute, se reprend
-C'est pas drôle!
Des coups de feu explosent dans le téléphone.Et puis, des cris..
Mamadou jette le combiné et se précipite dehors.
Dans la petite casserole, le café se met à bouillir.

Nez de boxeur court, tête baissée
Soudainement, il s'immobilise . Son instinct de chasseur lui dit : quelqu'un descend l'escalier.
Le quelqu'un n'est pas très malin. Maintenant, nez de boxeur entend distinctement ses pas sur les marches.
L'homme est sur le palier. Il tourne la tête, son visage tout entier devient masque de cire. Un masque fripé, déformé par l'horreur. Nez de boxeur ajuste, nez de boxeur tue.
L'homme pirouette, puis s'abat dans un bruit sourd. Nez de boxeur ricane.

Prisonnière de l'écran
Une figure géométrique se balance, oscille  lentement au rythme du bourdonnement de l'ordinateur.
Outis touche la souris. L'écran redevient vivant.
Ce qu'il lit lui donne du courage. Le nom des dossiers le stimule.
Il saisit  l'homme qu'il vient d'assommer sous les aisselles et le fait basculer de son fauteuil.
-Désolé mon gars, j'ai du boulot, dit-il en prenant sa place  sur le fauteuil.


L'inspecteur Blanquart tient sa carabine à pleins bras
La crosse enfoncée dans l'aine, le canon dépassant son oreille droite. L'éclairage au mercure d'un grand lustre suspendu au plafond accentue les durs méplats de son visage.
A ses pieds, Monsieur. Poignets et chevilles noués, une large bande de ruban adhésif sur la bouche, il a beaucoup moins de prestance qu'à l'habitude.
Blanquart fixe son prisonnier d'un oeil torve avec quelques lueurs fauves qui brillent dans ses pupilles.
Ce bref instant de répit dans l'assaut de l'association colombophile du Nord est le bienvenu. Il permet aux muscles de l'inspecteur Blanquart de se décontracter un peu.
Pourtant,  il perçoit un bruit à peine perceptible.. Un cliquetis... Son corps tout entier se contracte à nouveau.
La porte s'entrouvre légèrement. Blanquart crispe son doigt sur la détente de son arme.
Selon Blanquart, l'intrus avait autant de chance de rester vivant qu'un rat de laboratoire pendant une expérience. Son sourire découvre ses dents jaunies par la nicotine.
Une tête se faufile par l'ouverture.
Bon sang ! une femme. Il ne manquait plus que ça!
En découvrant la situation, Sarah Baum ouvre la bouche pour crier.
(A suivre)

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