mardi 7 juin 2011

Manchette, encore...


La matière première de Manchette c'est le personnage. Même si, certains feignent de s'intéresser à l'intrigue.
Car, l'intrigue n'est rien, ou presque rien. Nous  accompagnons  donc ses personnages, recrutés dans le peuple d'en bas, ( même si la Julie de "O Dingos" et le Gerfaut du "Petit bleu de la côte Ouest" appartiennent à une classe sociale légèrement supérieure à celle de Tarpon le détective, Aimée la tueuse et  MartinTerrier le tueur à gages.)
L'histoire est donc narrée avec et pour ses héros" malgré eux",  qui sont les victimes d' une  implacable allégorie  sociale dont le bouquet final est  toujours sensiblement le même.
Viennent ensuite les personnages secondaires dont nous avons déjà longuement parlé dans le texte précédent.
Ajoutons tout de même qu'une bonne  partie est recrutée dans les hautes couches de la société ( les "hommes d'état" avec N'Gustro, Nada, mais aussi dans La position du tireur couché , Tarpon et le Petit bleu .
La bourgeoisie et la noblesse apparaissent aussi dans  Ô Dingos et Fatale par exemple.
Donc, contrairement aux préceptes du genre, ce n'est pas un détective ( le dur à cuire, beau gosse et désabusé) qui s'occupe de l'affaire mais plutôt  des sans grade. A mon sens, c'est ce choix délibéré qui fait la différence , et quelle différence ! Les losers n'ont plus rien à perdre et, c'est inévitable, ils mettent le paquet !
Les représentants de la classe prolétarienne font le ménage dans les institutions, du sol au plafond,  avec dans leurs têtes, cependant, un petit quelque chose qui ressemble à un idéal.
Cette action individuelle "forcée" et nécessairement désespérée s'achève donc par un pénible constat :   On ne peut combattre l'ordre et le droit sans y laisser des plumes. Tarpon retourne chez sa maman, Gerfaut continue de tourner inlassablement sur le périphérique et Terrier de danser sur les tables, le soir, s'il a bu des alcools .
L'emploi d'un héros "négatif" est donc tout à fait significatif à mon sens car, il permet de dénoncer de manière plus habile les injustices et autres dérives totalitaires.
Plus habile car, en pleine phase de réflexion , lorsque nous refermons le bouquin, nous nous posons souvent la même question : qui sont les bons, qui sont les méchants?
Je vous laisse réfléchir là-dessus..
Julius Marx

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