mardi 21 juin 2011

Et les étoiles ne regardent jamais en bas (38)



Dans la salle de rédaction du quotidien " l'Echo de Veninsart" 
Benoit Thorel, pigiste de la rubrique faits divers a les yeux collés au plafond. Il mordille le capuchon de son stylo.
Il baisse enfin la tête, consulte sa montre et soupire. 23 heures. Il est seul , La femme de ménage d'origine sénégalaise vient de sortir en poussant son chariot. Il lui a fait un signe de la main puis, il a admiré son cul.
Une porte s'ouvre dans le fond de la grande salle. L'odeur de cuir et de noix fraîche d'un Partagas précède la ronde silhouette de son rédacteur en chef.
-Alors, mon petit, c'est terminé?
-Non monsieur, je cherche la chute, répond Thorel.
Le chef se fige, ouvre de grands yeux
-La chute ?
-Oui, la chute.
Le chef dégage quelques feuilles et laisse tomber son imposant postérieur de chef sur le coin du bureau.
Il fixe son employé droit dans les yeux, puis, après lui avoir envoyé une bouffée de Partagas dans la figure, demande:
-Dites-moi, mon petit, vous écrivez quoi, un roman?
Thorel est agité de tremblements. L'image furtive de l'agence pour l'emploi des journalistes passe devant ses yeux. Il ne fait rien pour la retenir.
-Non, répond-t-il à son supérieur.
-Bien, dit le chef. Alors, bouclez moi cet article avec une phrase habituelle comme gageons qu'à l'avenir les hommes pourront tirer les leçons qui s'imposent.( Il tête.) Ou alors, à l'heure où nous imprimons ces lignes, les services de police de notre ville nous ont assurés suivre déjà une piste sérieuse.
(Il se relève. Parle à un public imaginaire)
-Quoi qu'il en soit, laissons la justice faire son travail.
(Il fixe son employé)
-Qu'est-ce que vous pensez de ça , mon garçon?
Thorel dodeline de la tête
-Oui, c'est bien... Très bien..
Il pianote déjà.
-A la bonne heure !Vous comprenez le sens de notre mission. Parfait.
Il se retourne et fait quelques pas en direction de la sortie, s'arrête soudainement et fixe de nouveau Thorel.
Sa grosse trogne vinnassée émerge des volutes pour dire :
-Laissez les romans aux intellectuels, ils n'ont que ça à faire!
-Oui, monsieur.

A la même heure, Rue de Paradis à Paris
Debout devant la fenêtre de l'appartement, une jeune femme à la chevelure rousse feuillette un grand livre de cuisine.
Page 105, le chef de cuisine, auteur de la recette du Saint Pierre de retour des Indes explique :
"Le mélange d'épices qui donne sa personnalité à ce Saint-Pierre  a été mis au point après de longs essais. Il met en oeuvre celles que l'on trouvaient déjà dans les murs de Saint-Malo à l'époque de la compagnie des Indes, dans un bouquet d'ailleurs explosif."
La jeune femme ferme les yeux et laisse tomber le livre.
Somnambule, elle traverse le living-room en titubant.
Malgré l'heure tardive, il règne une grande effervescence dans la rue de Paradis. un  couple d'amoureux bouscule la jeune femme sans prendre la peine de s'excuser.
Maintenant, la jeune femme pleure.


Instant eternity of evil and wrong
Outis recule. Le feu ardent lui brûle le dos. Le molosse avance encore. Outis détaille son visage/ il le regrette aussitôt . Un oeil unique, un nez écorché et les joues griffées. Le masque de Gorgone aux mains d'airain  et chevelure hérissée de serpents plonge tout d'un coup vers l'avant. Outis tente un bond de côté, peine perdue, le monstre l'attrape .Ils roulent sur le sol.
Ses deux énormes mains battoirs se nouent autour de la gorge d'Outis qui suffoque immédiatement.
-La chance ! rugit Mullez avant d'exploser d'un grand rire démoniaque.
(A suivre)

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