"J'aime lire allongée sur un canapé, mais ceci n'est pas une profession, hélas." Fran Lebowitz
samedi 18 juin 2011
Et les étoiles ne regardent jamais en bas (36)
-Il faut tout nettoyer, et vite !
-Après, tu appelleras les flics.
Le gringalet a toujours son Magnum en main.
-Mais comment?
-Comme d'habitude! crie le blondinet .Bouges-toi un peu, merde !
Le gringalet se permet un léger sourire
-Si tu veux mon avis, avec tout ce bordel, c'est plutôt les services de nettoyage de la voirie qu'il faudrait appeler.
Le blondinet serre les dents.
-Fais-moi plaisir, petit, garde ton humour pour toi.
Outis ouvre les yeux
Le taxi vient de stopper au pied d'une muraille de pierre, sombre et haute comme une falaise.
Le chauffeur empoche le prix de la course et relance sa voiture dans le brouillard.
Outis s'approche de l'impressionnante grille toute hérissée de pics. Elle s'ouvre lentement, sans bruit.
Dans le parc, les arbres dansent au rythme du vent. Outis frissonne.
La maison a les dimensions d'une cathédrale . Elle repose sur un socle de briques rouges et luisantes, puis, viennent les blocs de granit percés d'une flopée de fenêtres en tour rondes, et enfin, une allégorie de cônes trapus. Seul le pont-levis manque à l'appel.
Pour assembler la porte d'entrée, on avait dû abattre trois chênes adultes. Outis soulève le heurtoir en bronze et le laisse retomber. La porte vibre sur ses gonds, puis, s'ouvre sans un grincement.
Un crâne de Mongol chauve se présente. Il a les joues creuses, les lèvres charnues, et porte une impeccable tenue de larbin. Domestique de la tête aux pieds, il se penche pour dire :
-Bonsoir monsieur.. Entrez, vous êtes attendu.
Il traversent le vestibule en péristyle aux dimensions d'un gymnase. Le pion glisse sur le sol pavé de carreaux noirs et blancs. Il saute trois cases pour s'agripper à la haute poignée dorée d'une porte vernissée.
Impossible de se tromper
Confortablement installé sur son trône, le souverain des souverains médite sur l'avenir de ses pauvres sujets en caressant d'un regard fauve une flambée d'une demie-douzaine de bûches.
L'âtre quadrille la pièce de rouge , tapisse d'une doublure de flamme les meubles ventrus et lacère le Lucifer-roi de balafres sanglantes. Le parquet, étang pourpre et agité, craque soudainement.
Le maître se redresse, tourne vers Outis un visage fripé avec des cheveux blancs en broussaille. Il ré-ajuste les pans de sa robe de chambre passementée et fixe son visiteur avec des yeux aigus, une écume rougeâtre au coin des lèvres.
-Alors, c'est vous?
Une des grosses bûches crépite. Le reflet frappe le crâne du souverain. Une large veine enfle, se ramifie, palpite. Il soupire.
-Je suppose que je devais m'y attendre... Ces imbéciles n'ont pas ...
-Réussi à me mettre hors d'état de vous nuire..
Il soupire une nouvelle fois.
-C'est ça...Exactement.
Le roi se tasse légèrement sur son trône , puis, hoche la tête.
-J'imagine que vous savez ce qui va se passer maintenant?
-Oui, et je suis venu pour tenter ma chance...
La triste figure du souverain s'éclaire . Il sourit avec une espèce de ravissement extatique.
-La chance ! Ah! Oui.... Quelque chose me dit que vous allez en avoir besoin..
Le rideau pourpre s'en-trouve soudain.
Une masse déguisée en flamme se présente. Enorme !Roulant des épaules, balançant les bras. Sa tignasse et ses yeux flamboient.
Il avance, présente sa grosse patte velue et grogne:
-Viens avec moi....
(A suivre)
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