lundi 13 juin 2011

Et les étoiles ne regardent jamais en bas (34)



On négocie..
-Personne ne va mourir ! Je vais entrer et on va discuter.
Le blondinet s'était efforcé de parler haut et fort. Le silence qui suit prouve qu'il a atteint son but.
 NON. PAS DU TOUT. De l'autre côté de la porte, Blanquart crie encore plus fort :
-Merde avec tes plans foireux! Si tu entres dans ce bureau, je te troue avec du calibre 3O. C'est valable pour ton pote aussi!
Le blondinet lève les yeux au ciel.
-Bon d'accord, c'est toi le plus fort... T'as gagné..
Il entraîne son complice nez de boxeur au fond du couloir. L'autre le suit mais, son expression ébahie montre bien qu'il est totalement perdu.
-Qu'est-ce que tu fabriques ? demande t-il.
-T'inquiètes, répond le blondinet. Bien sûr que nous allons entrer dans ce bureau. Mais, pourquoi prendre des risques inutiles, hein ?
Nez de boxeur approuve d'une grimace.
-Va chercher Mamadou, commande le blondinet.
Nez de boxeur approuve la tactique de son pote d'un sourire.

Est-il encore là, derrière moi ?
Outis se demande si le gringalet le suit toujours. Il perçoit à peine ses pas dans son dos.
-L'escalier sur la droite!
Il s'exécute.
Les marches... Réfléchir à la situation... Peine perdue. C'est l'image de Magnum qui l'emporte  sur les autres.
Un autre couloir... Au mur ? Des pigeons encore et toujours! Pas de fenêtre . Ou alors, de ridicules lucarnes beaucoup trop hautes..
-A gauche !
Ah ! le rez-de chaussée.. Là-bas, une demie- fenêtre aux carreaux opaques, enfin.
Pas le droit à l'erreur. Dans sa réflexion, il ralentit singulièrement le pas. Derrière lui, le gringalet s'énerve :
-Alors, avance!
-D'accord ! répond Outis en plongeant droit devant.
Son corps défonce  le bâti  de la fenêtre qui cède ans un craquement sec.  Il se retrouve projeté vers l'extérieur. Au passage, un milliard de fragments de verre attaquent sa peau, lui piquent le visage.
Un éclat plus long, plus effilé que les autres, pénètre dans le haut de sa cuisse. Il ferme les yeux.



Sarah Baum frissonne 
Un petite toux sèche, à peine perceptible ,assourdie par la bande adhésive collée sur sa bouche, la secoue.
Repliée sur elle-même, elle sent qu'on l'observe. Elle ouvre lentement les paupières.
Blanquart ... Il ne fixe pas  son visage tuméfié mais, ses cuisses, sa jupe  retroussée.
Sarah frissonne une nouvelle fois.
Blanquart est en sueur. Il passe lentement sa langue sur ses lèvres.
Richard aussi transpire. Le notaire finit de pousser le châssis du gros bureau contre la porte. Il sort son mouchoir, s'éponge longuement le front et demande :
-Vous pensez que ça suffira pour les arrêter?
La réponse arrive vite. Blanquart  éjecte un énooooorme crachat sur le parquet.
Close-up sur le mollard  / Richard devient fantôme.

Le gringalet est figé 
Puis, la statue se brise. Il jette un oeil à gauche, puis à droite, quêtant une réponse.. Rien .
Le type venait de passer par la fenêtre !
Il pointe son arme sur les débris de verre et de bois et tire... Tire.... Tire...

Matelas pouilleux, couvertures déchirées.
Sur le coin du matelas, un homme est assis, les épaules ramenées vers l'avant, les genoux au menton.
Il pousse un petit-cri-gémissement lorsque Outis trampoline sur son matelas-home.
La ruelle est un fin boyau blanc hantée de féroces courants d'air.  Outis dégringole du matelas, manquant de très peu le brasero fumant, ancien fût de graisse percé de trous.
L'homme se redresse, ouvre de grands yeux effarés... Outis émerge de la fumée, le visage piqué de verre, le sang dégoulinant sur ses joues.
-Lucifer ! crie l'homme
Outis veut parler... Son épaule lui arrache un cri de douleur. Le vent s'amuse avec lui..
-Lucifer ! répète l'homme en dégringolant à son tour du matelas.
Outis fait quelques pas. Ses muscles sont tétanisés.Il trébuche dans un trou, se relève, serre les dents.
Des cris et des coups de feu s'échappent de la maison des fanatiques du pigeon..
Foutre le camp d'ici... Vite..
(A suivre)

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