samedi 18 mai 2013

B



B  comme Ed Mc Bain

Mc Bain, c'est quelqu'un de ma famille, un type que j'aime à retrouver, et pas seulement pour les enterrements.



Ci-dessous un article paru il y a au moins un an.


Isola, c'est la ville d'Ed Mc Bain. Une ville imaginaire, certes, mais si réelle pourtant.
Dans cette ville, l'auteur s'intéresse plus particulièrement au commissariat du 87ème district et à ses inspecteurs. Et il fait beaucoup plus que de s'y intéresser, il les passe au grill, ses petits poulets!
Mc Bain accorde une part plus importante aux personnages qu'à l'intrigue ( il n'y a que les télé-cinéastes pour penser que l'intrigue seule est largement suffisante... les pauvres! Abandonnons-les à leur triste sort.)
Nous vivons avec les inspecteurs du 87 ème et l'enquête est le plus souvent prétexte à détailler, à analyser soigneusement, les flics et les habitants d'Isola. La radioscopie de Mc Bain fait mal ! Ainsi, dans The killer's choice (Victime au choix-1958) nous découvrons le patron d'un magasin de spiritueux beaucoup plus préoccupé par son stock d'alcool que par son employée qui vient d'être assassinée. Mais aussi dans Killer's Payoff (Crédit illimité- 1958)  le gérant d'un magazine populaire qui apprend la première phrase des grands romans  classiques par coeur etc..
Mais, revenons à notre basse-cour. Avec une habileté diabolique, Mc Bain nous fait découvrir ( plus efficacement que les instituts de sondage) une sorte de panel représentatif de cette société. S'il "donne" dans chaque roman son heure de gloire à chaque flic, c'est bien l'inspecteur Steve Carella (l'italo-américain) le médiateur et le modérateur du groupe. Un Mc Bain sans Carella (il en existe) c'est comme des pâtes sans parmesan. Les autres inspecteurs , vous les découvrirez seuls, petits veinards. Voyez maintenant comme Mc Bain nous présente Arthur Brown.
"Arthur Brown n'était pas un homme patient. Il avait eu la malchance de venir au monde avec la peau noire et un nom qui insistait encore sur sa couleur. Les racistes avaient vraiment de quoi s'amuser. Parfois, il se disait qu'il pourrait peut-être changer son nom et se faire appeler Goldstein, pour faire plaisir auxdits racistes qui s'en donneraient alors à coeur joie. Son impatience était née d'une attente perpétuelle. Arthur Brown regardait un homme et savait instantanément si sa couleur de peau allait ou non devenir une barrière infranchissable. Sachant cela, il attendait l'inévitable, avec impatience. Il était comme un homme assis sur un baril de poudre, une mèche allumée à la main, allumée par les hasards de la naissance et de la pigmentation."
Killer's Payoff (Crédit illimité) 1958

Bon, vous l'avez compris, il faut lire (ou re-lire) Mc Bain pour découvrir Isola, cette ville-femme comme il l'appelle lui-même dans The mugger(Le Voleur-1956)
"La ville ne peut être qu'une femme...
Vous l'avez connue, reposée après le sommeil, pure, avec ses rues vides..
Vous l'avez connue brûlante et irritable, frémissante d'amour ou de haine, provocante, soumise,cruelle, injuste, douce et poignante.
Elle est vaste et s'étale, parfois vautrée dans la crasse, et parfois elle pousse des cris de douleur et parfois aussi des râles d'extase.."

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