dimanche 19 mai 2013

C



C comme Cann (Colum Mc Cann )


Pas mal d'articles sur Colum Mc Cann dans ce blog. J'ai choisi celui qui suit peut-être parce qu'il m'émeut encore beaucoup après tant de lectures. Vous pouvez aussi rechercher l'entretien Mc Cann / Jim Harrisson qui n'est pas mal non plus.


"J'avais la pointe du couteau sur le coeur, mais que pouvais-je faire? Combien de petites trahisons m'attendaient-elles encore? Qui finirait un jour par clamer la vérité, aussi compliquée soit-elle? Ce sont les lois, pas les miroirs, qui nous volent nos âmes."
 Dans son roman  Zoli,  Colum Mc Cann nous raconte l'histoire d'une poétesse Rom à la voix de feu.
L'histoire est écrite comme le découpage d'un film  . La narration à plusieurs voix permet évidemment de retrouver plusieurs point of view mais aussi, comme dans l'art cinématographique, des ellipses temporelles. Les scènes commencent toujours par des plans d'ensemble et finissent par des close-up.
Mais, l'auteur  a un avantage certain sur le scénariste; il a la possibilité de relater les états-d'âme de son personnage principal. Et il ne s'en prive pas, tant mieux pour nous ! Heureusement, la littérature n'est pas le cinéma. Sur la page, aucun fumiste et prétendu auteur ne peut réussir à émouvoir sans sincérité et talent.
Nous suivons donc Zoli  enfant, en Tchécoslovaquie,  après la mort de ses parents, exécutés par les hommes d'une milice pro-nazi . Puis adulte, victime à son tour d'un  autre régime totalitaire, qui a décidé que les camarades Roms  deviendraient sédentaires.  A cette époque , Zoli  est convaincue d'écrire les poésies qui lui tournent dans la tête, par un vieil écrivain et son jeune assistant. Un recueil sera publié et il causera sa perte.
Pourquoi, comment? Vous le saurez en lisant le bouquin.
 Si Colum Mc cann parle bien des minorités (de toutes les minorités) exploitées et sans cesse pourchassées, il parle aussi des lois et des frontières :
"Elle sait que la prochaine démarcation entre Est  et Ouest , se présentera dans quelques jours à peine, il lui vient à l'esprit en marchant, que si l'on accorde autant  d'importance aux frontières, comme à la haine, c'est précisément parce qu'elles disparaîtraient si on ne le faisait pas."
Et Zoli à elle seule symbolise bien la liberté. Elle fait sans cesse des choix, même si les puissants semblent lui en imposer d'autres. Parabole sur l'exil, éloge de la différence( comme il est écrit sur la quatrième de couverture) oui, mais il y a aussi la place et la fonction de l'artiste. Son art lui souffle la liberté mais le souffle est trop fort.
Heureusement, la flamme que porte  Zoli en elle  vacillera mais ne s'éteindra pas.
Julius Marx
Colum Mc Cann (Zoli) 10/18
Sur le site de l'auteur aux éditions Belfond, lire aussi résumés et commentaires des lecteurs.
ITW de l'auteur à propos de Zoli sur le site Rue 89
La photo qui illustre cet article est sur le site "Fauteuses de troubles"
(Si après ça, vous passez un mauvais Week-end, c'est à n'y rien comprendre!)

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