vendredi 3 mai 2013

Vers le Nord

Pour une fois, je pique le concept des Contrées magnifiques de Serge Quadruppani  en racontant ma  petite virée, jour de premier mai, dans le nord du pays.
Dès que l'on s'éloigne des bords de mer, le climat devient beaucoup plus instable. Dans plusieurs  villages que nous traversons avec le taxi collectif, les syndicats ont organisé des manifestations. Sur la chaussée des pneus achèvent de se consumer et les rassemblements ne sont pas totalement dispersés par la police omniprésente. Au loin, nous apercevons une longue file de tracteurs qui émerge d'un épais nuage de fumée noirâtre. A l'intérieur du taxi, le silence règne. Le passager assis à côté du chauffeur parle des affrontements sanglants de Kasserine. Le chauffeur se contente de hocher la tête en slalomant  entre les détritus qui encombrent la rue principale du village.
Puis, dès que nous retrouvons la campagne le climat se détend petit à petit. Seule une voix nasillarde luttant avec les parasites nous tient au courant de la suite des événements entre deux résultats de foot.
Même en ne comprenant  qu'un mot sur cinq, il est facile de conclure que la journée sera très chaude.
Arrivés à bon port dans les montagnes, nous nous retrouvons dans la brume et le vent. Heureusement, dans la maison de nos copains, en plein centre du village, il fait bon.
En repérant la petite cheminée dans la salle de séjour, je plaisante en demandant si le feu est prêt.
-Non, pas possible, nous répond notre hôte, il y a les fils du téléphone qui descendent dans l'âtre!
Plus tard, le repas est plutôt joyeux même si, évidemment, la situation précaire du pays revient régulièrement dans notre conversation. Chacun profitant de la réunion pour glisser une anecdote ou une analyse personnelle de la politique économique menée par les dirigeants.
Encore une fois, les prévisions sur la date de notre départ anticipé divergent.
Entre la poire et le fromage, nous apprenons que la route empruntée ce matin par notre taxi vient d'être coupée.(1)
La petite route que nous prenons dans l'après-midi serpente entre les champs de blé. Le ciel est bas, la lumière diffuse.C'est une toute autre vision de la Tunisie.



Nous nous rendons sur un site archéologique romain. Nous finissons par apercevoir les colonnes du Capitole d'Uthina qui émergent de la brume. Aussitôt, je ne sais pas pourquoi, je pense à la fameuse usine londonienne tant de fois photographiée.


Sur les lieux, pas grand monde. Juste quelques touristes.


Dans ce genre de site, la question posée est souvent la même : authentique ou pas? Même si les "retouches"  de ciment sont bien visibles, qu'est-ce que ça peut bien faire? Il suffit d'imaginer la vie de ceux qui nous ont précédés sur cette colline. Se posait-il les mêmes questions que nous...


Pourtant, à la fin de la visite, une image nous rappelle à la réalité du moment.
Ce minaret planté entre  deux piliers romains. Symbolique, non?



Julius Marx
(1) Ceci est évidemment une expression car de poire et de fromage, nous n'avons pas mangé.

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