mercredi 20 novembre 2013

Les portes du Paradis (10)

La ville-fiction
La chance est avec nous.Voici Agrigento à l'heure où le ciel se confond avec la mer.


Pour arriver jusqu'ici, nous avons choisi une  route folle  qui dévalait comme un petit torrent  entre les collines. Sur les bords de la rivière, des murets faits de pierres plates empilées  quadrillaient les champs. Seuls quelques oliviers ou parcelles de vigne se permettaient de venir briser cette magnifique symétrie.
Bon, mais maintenant, c'est la ville, et comme d'habitude, il faut grimper pour mériter le centre historique. Après l' indispensable abandon de la voiture et ma reconversion en sherpa, nous voici installés dans notre logis. Les hautes fenêtres grincent, le lit de fer aussi mais, le côté "médiéval" est garanti.
De notre balcon, nous sommes presque dans l'appartement d'en face. Deux étages plus bas, la rue est calme. En détaillant les passants, je me demande quels personnages choisirait Pirandello aujourd'hui pour écrire une de ses nouvelles. Ces réfugiés de Somalie ou d'Ethiopie qui ont tous trouvé des petits boulots insolites pour survivre, cet homme aux cheveux blancs,très grand et très élégant, qui a la délicatesse de  marcher dans le caniveau pour éviter que sa compagne, même  perchée sur des hauts-talons, ne passe pour sa petite-fille, ces deux hommes aux costumes noirs et chapeaux qu'on prendraient pour des figurants d'un film de gangsters hollywoodien, cette Dame, frisée comme un caniche, qui croule sous le poids de ses bijoux, ou bien encore cet important gradé de la police que croise justement la Dame et qui croule sous le poids de ses décorations?
Nous n'allons pas visiter la maison de Pirandello.
Le plus bel hommage que l'on puisse rendre au Maître, c'est de saluer ses personnages.
Plus tard, nous saluons également le Temple de la Concordia ...


Et celui, plus contemporain, des Postes et Télécommunications.


Le soir venu, en attendant notre poisson, je raconte plusieurs histoires de Pirandello où il est question de brin d'herbe, de vengeance, de corbillard ou de médecin qui ne possède Rien. Après tout, qu'importe si j'oublie quelques noms ou certains personnages de ces nouvelles pour une soirée.
(A suivre)
Julius Marx

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