mardi 12 novembre 2013

Les portes du Paradis (5)

Les  belles sportives
Après les longues allées rectilignes du cimetière d'Enna, ce sont celles, plus caillouteuses et sinueuses du site de la Villa Romana Del Casale que nous remontons.
J'avoue mon inquiétude lorsque nous rangeons la voiture sur l'immense parking. J'ai  déjà visionné quelques photos de l'endroit  et  le nombre impressionnant de visiteurs circulant sur une file les uns derrière les autres a légèrement refroidi mon enthousiasme.
Mais, heureusement, même si nous ne sommes pas seuls, nous pouvons déambuler entre les différentes salles, toutes pavées de mosaïque, de l'antique maison romaine de la fin du troisième siècle.
Là encore, c'est l'émotion qui prime. Comment expliquer ce sentiment si fort, teinté de respect et de solennité que nous éprouvons l'un et l'autre en contemplant un tel spectacle?
Ma compagne tombe sous le charme de ces belles et jeunes sportives. Cette scène  d'une modernité incroyable nous laisse sans voix.




Restons groupés
Décidément, cette journée est placée sous le signe du tourisme. En arrivant dans la ville de Caltagirone, dont la spécialité est la céramique, nous sommes dépassés par plusieurs cars bondés de touristes . A ce propos, il faut bien dire  que la plupart des voyageurs  mettent un point d'honneur à éviter ces mêmes touristes alors qu'à l'évidence, ils font eux aussi partie de ce peuple d'envahisseurs.
Dans la cité, les commerçants ne se posent pas ce genre de question. Ils sont prêts à accueillir les excursionnistes ou les explorateurs sans aucune distinction.
Nous faisons halte dans un grand jardin public où la céramique est déjà bien présente.
Ce monstre est la base d'un imposant pot de fleurs.



Puis, nous achevons notre petit tour par la visite du gigantesque escalier entièrement recouvert de céramique qui fait la réputation de la ville.


Ici, le café est bien plus cher que dans les petits villages que nous avons déjà visités. Alors, nous reprenons la route.

La place des Murmures
Six heures du soir. Les explorateurs sont totalement perdus, égarés dans la campagne. Pendant un court instant, j'envie l'adepte des voyages organisés. Le problème, c'est de dénicher quelqu'un à qui demander son chemin. Au loin, nous distinguons deux voitures arrêtées sur le bas côté de la route.
Sauvés! Mais, lorsque nous interrogeons la femme qui se tient debout à côté des deux hommes occupés à siphonner de l'essence dans le réservoir d'une des deux voitures, nous comprenons tout de suite que nos problèmes ne font que débuter. Cette charmante dame nous renseigne mais, elle parle si vite que nous ne comprenons qu'un mot sur deux  à sa réponse. Quant à la curieuse activité des deux hommes, je préfère ne pas poser de questions.
Après une scène digne d'un film muet de Mack Sennett, nous trouvons enfin une solution. Avec de grands gestes, elle propose que nous  les suivions jusqu'à destination.
La ville où nous échouons à la nuit tombée s'appelle Grammichele. C'est une ville entièrement reconstruite  après un tremblement de terre (comme tant d'autres sur l'île) autour d'une monumentale place octogonale.
Nos sauveteurs nous abandonnent devant un des seuls bed and breakfast de la cité. Lorsqu'ils nous expliquent comment retrouver le centre-ville pour nous restaurer, nous secouons bêtement la tête en affichant un petit sourire niais.
 Plus tard, ( beaucoup plus tard) nous errons dans les rues vides. Je me demande ce qu'il est advenu de mon légendaire sens de l'orientation. Enfin,  nous nous installons épuisés à la terrasse d'un des deux ou trois restaurants ouverts ce soir-là sur la grande place. Le spectacle est grandiose. Le Palazzo Comunale et la Chiesa Madre sont illuminés. Nous manquons de superlatifs, c'est tout simplement à couper le souffle.
Là aussi, des petits groupes parcourent la place en murmurant. Les enfants jouent autour des statues contemporaines installées tout autour. Peu à peu, les cris, la musique et les bruits de la ville disparaissent. Nous n'entendons plus que le murmure.
(A suivre)
Julius Marx

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