vendredi 31 août 2012

Le polar est Amour (10)


-Encore.
-Non, dit Livia, et elle continua à le fixer de ses yeux rendus plus lumineux par la tension amoureuse.
-S'il te plaît.
-Non, j'ai dit non.
"J'aime bien être toujours un peu forcée", lui avait-elle chuchoté une fois à l'oreille et à ce souvenir, excité, il essaya de glisser un genou entre les cuisses serrées tandis qu'il lui agrippait violemment les poignets et lui écartait les bras jusqu'à lui donner une allure de crucifiée.
Ils se dévisagèrent un instant, haletants, puis elle céda d'un coup.
-Oui, dit-elle.Oui. Maintenant.
Et juste à cet instant, le téléphone sonna. Sans même ouvrir les yeux, Montalbano tendit un bras  pour saisir non pas tant le combiné que les lambeaux flottants du rêve qui, inexorablement, s'évanouissait.
-Allô ! lança-t-il, furieux contre l'importun.
-Commissaire, nous avons un client.

Andrea Camilleri
(La forme de l'eau)
Fleuve Noir
(Traduction de Serge Quadruppani)
Photo : Silvana Mangano / Theorema (Théorème) Pier Paolo Pasolini-1968

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire