lundi 4 avril 2011

Et les étoiles ne regardent jamais en bas (16)




Un feu de signalisation / rouge
Davis accélère encore. La voiture chasse de l'arrière et quitte l'ornière salvatrice.
Davis s'agrippe au volant. La voiture pique droit sur un terre-plein, l'escalade et part dans une succession de vrilles désordonnées. Dans la carlingue, Davis est secoué comme une balle de chiffon. Un paquet de neige s'infiltre par la vitre ouverte barbouillant son pardessus d'une poudre grisâtre, de petits graviers.
Davis pousse un juron quand la voiture percute une congère de neige gelée par le flanc droit.
Davis est debout / il appuie sur la pédale d'accélérateur comme un forcené.
La voiture glisse tout le long de la congère qui griffe la carrosserie.
Le moteur produit des rugissements désespérés.
Davis donne un grand coup de volant / la Rover retombe miraculeusement dans une autre voix de circulation désertée par la neige, un rail providentiel long et étroit filant vers un univers totalement dégagé.
Le halo d'une station service tâche les traînées de brouillard de son jaune sale.
A l'intérieur de son habitacle sécurisé, un employé-gnome-sans contour précis redresse sa mince silhouette faite de pièces d'ombre. Davis l'ignore , accélère encore.

Un coup d'œil sur le plan de la ville, déplié sur le siège passager
Davis donne un coup de volant tardif. La voiture tangue, chavire, se propulse tout de même dans une voie sans éclairage, entre deux blocs d'immeubles noirs comme des tombes.
Des maisons jumelles aux façades de suie, mornes dans leur ressemblance.
Pas une âme qui vive / qui voudrait vivre ici?
En haut, accrochée à deux lampadaires cassés, une guirlande.
"Joyeux Noël. Bienvenue dans la rue Tranquille"
Davis rétrograde, se trompe de vitesse . La boite geint, les pignons chantent une atroce chanson.
Une cinquantaine de mètres plus loin, la voiture enjambe le trottoir, percute une poubelle et s'immobilise.
A l'intérieur, Davis prend une profonde inspiration, expulse l'air et consulte sa montre.
Dehors, le froid mordant ne le calme pas. Pourtant, il sait qu'il doit absolument se calmer. Il avance vers l'entrée de l'hôtel d'un pas rapide, trop rapide.

Dans le hall
L'employé téléphone à sa concubine
-Mais oui chérie, je serais là à 6 heures..
Davis se plaque contre le mur
-Comme d'habitude... oui, moi aussi j'en ai marre, qu'est-ce que tu crois?
Davis plonge dans la zone d'ombre, fait une dizaine de pas en frôlant le mur et s'engouffre dans l'ascenseur.

3H15... Deuxième étage
Outis se redresse. Quelqu'un joue avec la serrure de la porte.
Surtout, pas de gestes brusques , sortir lentement du lit.
Il est maintenant à genoux sur la moquette, épiant le moindre bruit.
Un tintement de clé, la porte s'ouvre.
On progresse / une ombre
Outis tend lentement son bras vers le grand lampadaire / sa main serre la longue tige de métal froid.
L'ombre est là, elle s'avance encore.
Et puis, Outis se catapulte soudainement vers l'avant. L'ombre se redresse.
Outis, visage émacié de donquichotteaumasqued'argent, surgit, totalement nu dans la pénombre blanchâtre de la chambre.
L'ombre-Davis est devenue statue. Il ouvre la bouche pour crier à 'instant même ou la coupole du lampadaire le frappe en plein visage.
Tout de suite, il est aveuglé par une touffe de cheveux sanguinolents qui lui dégringole devant les yeux. Outis lui donne un grand coup d'épaule, il s'effondre.
Dans un dernier sursaut, sa main cherche l'arme. Outis bloque son geste avec son pied.
-Reste tranquille
-Je te crache à la gueule, éructe Davis
Il tente de cracher mais, ne peut expulser qu'un mince filet de salive qui coule le long de sa joue. Il laisse retomber sa tête et se met à geindre, doucement...
A suivre 

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