"J'aime lire allongée sur un canapé, mais ceci n'est pas une profession, hélas." Fran Lebowitz
mardi 26 avril 2011
Et les étoiles ne regardent jamais en bas (19)
Dehors
Outis est debout sur le muret de la façade de l'hôtel de la Paix, le dos plaqué contre le mur, muscles tendus. Il épie le moindre son qui le pousserait à agir. Il pense / pour : l'effet de surprise- contre : ils sont deux et probablement moins idiots que ceux qu'il a affrontés jusqu'ici ( la chance ne se présente pas deux fois).
Il cesse le petit jeu des pourcentages et avale difficilement sa salive. Les rafales de vent le coupent en morceaux.
Une crampe monte lentement dans sa jambe gauche. Il ferme les yeux.
En position assise
Une grosse couverture roulé dans son dos, Davis ouvre légèrement les paupières puis la bouche.
Sa langue sort prudemment et explore ses lèvres, les humectant au passage.
Le blondinet approche son angélique visage très près. Le cliché composé peut servir d'illustration pour une publicité ventant les mérites de la chirurgie esthétique avec les deux adverbes indissociables : avant/après.
-Alors? demande simplement l'ange descendu du ciel
-Qui... qui êtes-vous, soupire Davis
Le blondinet sourit
-Je suis ton sauveur... Il est temps de penser au salut de ton âme, tu ne crois pas?
Davis ouvre plus grand les yeux. Il tente de se redresser mais, grimace de douleur.
-Je ne suis pas...
Il grimace de nouveau
-Tu ne dois pas avoir peur de nous, poursuit Blondinet. Parle sans crainte. Nous avons l'habitude de recueillir les confidences de ceux qui, comme toi, se sont écartés du bon chemin.
-Vous... Vous êtes cinglés...souffle Davis d'une voix rauque
Nez de boxeur grogne et sort de son imperméable un revolver russe Nagant de calibre 7, 60mm.
Davis écarquille les yeux
-Allons, pas d'injure, reprend le blondinet d'une voix toujours douce et mélodieuse, il est temps maintenant de tout nous dire. Je vais te poser trois questions et tu nous répondras.
(Il se penche encore un peu plus, son beau visage est très proche de l'immonde tête de Davis )
Qui sont tes employeurs? Qui t'a donné le film.. Et enfin, qui devait te l'acheter?
-Vous êtes deux dingues.. Répond Davis en agitant la tête
Le blondinet laisse échapper un profond soupir et se redresse.Puis, sa main fait un vague signe de croix au-dessus de Davis.
Nez de boxeur fait un grand pas en avant et laisse partir son bras droit. La crosse du gros revolver brise la mâchoire de Davis, le projette contre la tête de lit.
-Ca te plait ? demande Blondinet.
Sa voix est chaude, toujours mélodieuse.
Davis roule sur lui-même, tente d'agripper l'imperméable de son agresseur mais, nez de boxeur l'évite facilement. La crosse retombe une deuxième fois, avec plus de force, trouve la tempe de Davis.
Le blondinet s'écarte, la partie supérieure de Davis tombe sur la moquette, l'autre reste sur le lit.
Nez de boxeur s'apprête à frapper encore une fois. Son complice l'arrête d'un geste du bras. Il se penche sur la partie supérieure de Davis.
-Tu es prêt à parler mon fils?
Davis grogne, expulse un flot de sang sur la moquette.
-Allez, soulage toi
-Richard, expire Davis
-Richard, le notaire ?
-Oui, expire encore Davis, avant que la partie inférieure ne bascule à son tour hors du lit.
Le blondinet fait un pas de côté et contemple un moment, pensif, le corps étendu à ses pieds. Puis, il joint l'index et le majeur, et dit, en faisant le signe de croix.
-Il te sera beaucoup pardonné, même si tu as beaucoup pêché.
-Arrêtes tes conneries, rigole nez de boxeur.
Il fait le tour du lit, attrape un gros oreiller puis revient le plaquer sur le visage ensanglanté de Davis.
-Amen, dit le blondinet.
Nez de boxeur enfonce profondément le canon de son revolver dans les plis de l'oreiller et fait éclater la tête de Martial Davis.
Un bruit sourd, étouffé
Outis n'identifie pas l'origine de ce bruit. Une moitié de son visage est gelée. Il est sûr d'avoir perdu une oreille et son nez et ne sent plus ses jambes.
Quelqu'un est dans la salle de bains. Il n'a pas prit la peine d'allumer la lumière.
L'eau coule.
-Alors, tu viens?
Le vent, encore...
Une porte qui claque / plus rien.
Outis se glisse de nouveau dans la salle de bains par la fenêtre, glisse et vient échouer sur le carrelage froid.
Profond silence..
Enfin.
(A suivre)
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