mercredi 20 avril 2011

Le temps de l'ombre

Aujourd'hui, c'est la grève des policiers. Ils ne demandent pas d'augmentations de salaires comme la plupart des grévistes  mais seulement une amnistie générale, prétextant que pendant les heures sombres ils n'ont fait qu'exécuter les ordres. De simples exécutants donc, et rien de plus... des serviteurs de la nation, des garants du droit et de l'ordre... le débat, hélas, n'est pas nouveau !
Il se murmure même que beaucoup d'anciens serviteurs dévoués de l'Etat seraient subitement tombés dans une profonde admiration de la mer, allant même jusqu'à embarquer dans de frêles esquives en direction de l'île de Lampedusa. Mais, on murmure tant de choses!
Des poulets au bord des routes, on avaient pris l'habitude d'en croiser beaucoup (il nous arrivait même d'en écraser (1)) et il faut bien admettre que nous ressentions un plaisir assez proche de la jouissance. Nous éprouvons  toujours le même plaisir quand notre voiture tressaute mais,il faut bien l'admettre, le coeur n'y est plus.
Des spécimens casqués et bottés se rassemblaient toujours aux principaux carrefours de notre cité et, il faut bien le dire, nous arrivions toujours à parlementer pour faire baisser le prix de l'amende ou même l'annuler purement et simplement. Puisque l'heure est aux aveux, je me dois  aussi de révéler que seules les femmes poulets étaient intransigeantes... Ah ! l'égalité des sexes!
Les temps changent, comme l'a si bien dit Robert. Pourtant, lui ne change pas, et fidèle à son habitude, il est revenu.. Non, rassurez-vous, je ne parle pas de B.A. mais du soleil , du soleil brûlant de l'été.
A partir d'aujourd'hui, nous allons, de manière quelquefois fort instinctive, nous préoccuper de dénicher une zone d'ombre.
Qu'importe la surface de la dite zone :quadrilatère, triangle ou très fin lacet  ourlant un pauvre trottoir éclaboussé. L'important reste de la trouver avant l'autre et de la suivre tel un soldat discipliné en gardant secrètement l'espoir qu'elle n'éprouve pas l'idée saugrenue de disparaître au premier carrefour venu.
Nous savons tous que les poètes, les philosophes , les marchands ambulants ou les membres de la confrérie des mendiants, poétisent, philosophent, vendent et mendient  en volant l'ombre d'un olivier, d'un lieu saint, d'un mur délabré ou d'un simple morceau de carton.
Mais, si vous ne faites pas partie de ces confréries qui inspirent le respect, n'attendez pas et plongez de suite dans la première zone d'ombre qui se présente.
C'est un fait, dans cette lutte perpétuelle et inégale que nous livrons tous avec l'astre solaire, nous devons abandonner en chemin une bonne partie des heures claires de notre existence mais, rassurons nous en pensant qu'il nous reste encore la flamboyante palette de couleurs du crépuscule et le velours damasquiné d'étoiles de la nuit.
Quant à la lune, elle sourit.
Julius Marx
1/ Les nombreux ralentisseurs disposés sur toutes les grandes artères de la ville sont appelés par les habitants "le flic qui dort". 

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