vendredi 6 mai 2011

Et les étoiles ne regardent jamais en bas (25)

-Relevez-vous !
-Vous êtes pitoyable! 
Mais, pourtant, le Maire reste à genoux, les yeux baissés.Il sanglote.
Le blondinet grimace, laisse son regard errer sur les tableaux des grands hommes, encore..
Il s'arrête sur Robert Guiscard. Cheveux noirs très frisés avec un menton carré, volontaire. Son visage buriné d'homme de la terre ne colle pas avec la classe de ses vêtements.
-Ca suffit ! hurle Monsieur
Le blondinet détaille les mains de Guiscard . Des mains puissantes aux ongles soignés, croisées sur ses genoux.
Il se demande combien de coups de poing ces jolies mains manucurées ont dû flanquer pour conserver le pouvoir. (1956-1986) le blondinet soupire.
Un claquement sec, une gifle.
Le blondinet voit le corps du maire qui s'étale sur le parquet. Penché au-dessus de lui, Monsieur ordonne:
-Tu vas aller te reposer  un peu pendant que je règle cette affaire.
Le blondinet sait qu'il dot maintenant entrer en jeu. Il s'avance.
-Quelques jours de clinique et tu nous reviendras en pleine forme, ironise Monsieur.
Le Maire veut se relever mais glisse, il est maintenant à quatre pattes comme un petit chien.
Le blondinet l'attrape par le bras.
-Non, non, laissez-moi, je ne veux pas! 
Le blondinet ressert son étreinte. Sa poigne fait grimacer de douleur le maire.
-Vous me faites mal! Brute !
Le blondinet grogne et jure entre ses dents. Il pense aux deux autres, le cul bien calé dans la voiture.

La porte à peine refermée sur le blondinet et son encombrant colis Monsieur dit :
-Alors, qu'est-ce que vous proposez?
Les deux flics de Veninsart reculent ensemble, frappés par le ton volontairement sarcastique de la question.
Le chef Ducasse avale difficilement sa salive et se décide.
-Vous disiez que cet homme, ce détective... était... mort? 
-Je l'ai dit 
-Pourrions nous, si possible, voir le corps?
Monsieur fixe le Ducasse, incrédule.
-Qu'est-ce que vous espérez, une autopsie?
-Il est de mon devoir de..
-Epargnez-moi ce chapitre ! explose Monsieur... Le devoir maintenant ! 
Il tape de nouveau du poing  sur le bureau. Ducasse sent le coup de poing au plus profond de lui-même.
Sa tête de tortue entre à l'intérieur de sa carapace.
Monsieur lève les yeux au ciel.
-Ah! vous et vos méthodes de flics! 
Puis, il pointe son gros doigt en direction de Blanquart.
-Vous trouverez le corps à la clinique
Satisfait de devoir quitter le bureau, Blanquart se précipite. En trois pas seulement, il est déjà devant la porte, agrippe la poignée et file.
Lorsque la tête de Ducasse ressort  de sa carapace, il voit Monsieur fondre sur lui.
Il tente une faible esquive sur le côté mais le chef de l'association Colombophile le saisit fermement par le revers de son imper.
-Ecoutez bien ce que je vais vous dire mon vieux. Je vais régler son compte à celui qui est derrière tout cela, même si je suis obligé de faire sauter cette foutue ville !
Il frappe le front du chef de la police avec son index.
-Réfléchissez un peu , ce détective avait rendez-vous à la poste non? 
Ducasse cligna des yeux
-Bien, et pourquoi, à votre avis?
-Pour vendre le film...
-Exact, le coupe sèchement Monsieur . A qui?
Le revers de l'imper se déchire de 20 bons centimètres. Ducasse ne s'en soucie guère, il grince des dents.
-A qui? crie Monsieur
-Je ne..
Ducasse se sent projeté vers l'arrière. Il fait deux grands moulinets avec les bras, vacille et tombe sur le cul.
La douleur lui arrache une grimace.
-Richard , hurle Monsieur, les yeux injectés de sang.
Ducasse avale sa salive.
-Maître Richard...articule-t-il dans un râle.
-Oui, parfaitement. Richard le gros porc ! Il veut prendre ma place !
Monsieur fait le tour du bureau, il lève le bras au ciel, invective. On jurerait qu'il adresse aussi aux types dans les tableaux.
-Cet imbécile s'imagine qu'il est capable  de diriger une organisation comme la mienne! Il  ne suffit pas d'expulser des loqueteux ou de saigner des commerçants pour pouvoir prendre ma place.Il faut de la poigne ! Vous m'entendez, de la poigne !
Ducasse s'est relevé. Il tente de reprendre contenance.
-Mais... Enfin.. Richard, il est des nôtres..C'est impossible..
-C'est une certitude! reprend Monsieur. Le détective a lâché son nom à mes hommes avant de mourir.
Alors, vous allez me le prendre par les couilles et vite! 
-Mais... se risque Ducasse.. Vous ne pensez pas qu'il faut avertir..
-Laissez-moi décider qui doit être averti. Occupez-vous de Richard, c'est tout.
-J'aimerai mieux, enfin, avec vos hommes, vos méthodes..
Monsieur fait un grand geste du bras. Le chef de la police recule.
-Non, je veux l'avoir d'une manière légale. Vous allez le faire tomber pour pédophilie  ou un autre truc du même style.Il faut que  ça marque les esprits, c'est important. Après ça, il ne lui restera qu'une seule solution : se tirer une balle dans la tête.
Le chef de la police tremble. Son corps tout entier devient mou et  flasque.
Monsieur s'approche de lui. Ses yeux sont deux points brûlants.
-Exécution !
(A suivre) 


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