dimanche 1 mai 2011

Et les étoiles ne regardent jamais en bas (23)

Des bruits de pas, elle sursaute, tourne la tête
Une brigade complète de fielleux-domptés. Les vieux en tête, les jeunes derrière, portant cartons, verres et bouteilles.
-Ah! La réception.. Fit-elle en faisant  gracieusement volte-face
Outis admire en connaisseur. Elle s'arrête, pose son regard sur Outis
-Dites-moi, les chercheurs sont-ils toujours aussi observateurs?
-Toujours, répond Outis en dodelinant de la tête . Mais, ça dépend des sujets observés.
Elle sourit/ le quitte et va à la rencontre des employés. Quelques ordres brefs et une grande table aux pieds torsadés est recouverte d'une nappe blanche. Ensuite, les verres et les plats / les employés s'affairent/ Sarah Baum supervise / Outis déniche un fauteuil qui peut facilement contenir trois individus  de même taille et de même corpulence que lui.

Parade
On perçoit des rires étouffés, des éclats de voix venant du grand hall. Un colosse drapé d'oripeaux rouges et flottants fait son entrée. Sur sa tête, on ne peut que remarquer ce drôle de petit chapeau rouge à la forme de cloche. Les fonctionnaires mâles et femelles suivent. En retrait, arrive un jeune asiatique maigrelet aux yeux aussi rapprochés que ceux d'un poisson. Il nage dans un petit costume de drap noir. Il ne marche pas, se contente seulement de glisser sur le parquet.
Pendant ce temps, le sémaphore lève les bras, explique, conceptualise. La basse-cour caquette..
-Les architectes, explique Sarah en revenant près d'Outis.
-J'ai déjà vu le même genre de couple au cirque, dit Outis.Un clown blanc et puis l'Auguste.
La jeune femme sourit.
-On ne s'en lasse pas.
-Comment?
-Votre sourire, on ne s'en lasse pas.
La troupe rejoint le buffet. Les poules se mettent à picorer les petits fours.
-Ces gens-là sont passionnés d'architecture, ironise Outis, ça se sent.
Des cris... Autres entrées en scène... La représentation se poursuit.


Trois sorcières
Une grande brune avec le cou d'autruche de la Demoiselle Rivière d'Ingres. Un autre recouverte de bijoux , corbeille de fruits rouges sur chignon torsadé. La troisième , petite et gironde avec un nez busqué, des verres  de lunettes sans armature, serrant contre sa poitrine un gros sac à main en peau de crocodile.
Puis, entrent enfin les courtisans et gens de suite. Plus silencieux, respectueux, fiers d'avoir étés conviés.
Outis regarde Sarah, un sourie calé sur  sur ses lèvres.

Il arrive par une porte dérobée
Le monarque est rondouillard et porte un costume de collégien. Ses cheveux, coupés en courte brosse, forme une couronne grise sur son crâne ovoïde. Il a le sourire affable.
-Mes amis, bienvenus à tous! crie-t-il d'une voix insupportablement aiguë, stridente.
Sa dame de coeur le suit. Frêle créature d'une pâleur extrême, comme née d'un pan de fumée, elle peine sous le poids d'une imposante chevelure crêpée d'un blond filasse.
Le Roi se plante au beau milieu du colisée, résidentiel, monumental, autocratique.


Ses yeux balaient lourdement la surface des choses: les maquettes, les tables, les employés, les invités.
Sa moitié tente de lui attraper le bras. Il l'écarte comme un bagage encombrant. Chancelante, elle se fait happer par un groupe de rombières en goguette.
Le Roi se dresse alors sur la pointe des pieds. Il a repéré sa proie, il fonce droit devant. En quelques pas seulement, il rejoint le petit asiatique et le capture. L'architecte bat des bras, fait "non" de la tête.
-Je vous présente Stanislas Valke, maire de Veninsart, dit Sarah Baum dans un soupir. Je vais être obligée de vous abandonner, le travail m'appelle.
-Vous me manquez déjà, répond Outis.
La moitié gauche du visage de Sarah se fend d'un sourire câlin, la moitié droite s'occupe du maire et de ses sbires.

Dehors
Une  magnifique et très régulière gerbe d'eau croupie s'abat sur le malheureux passant.
L'homme se retourne , trempé, furieux, prêt à en découdre illico.
-Eh! oh! cavapasnon! Zétesfousouquoi !
Le blondinet ne prend pas la peine de regarder le passant. Il aide Monsieur à sortir de la voiture. Les deux hommes se dirigent vers la mairie.
-Alorsquoi? Bandes de malélevés!
Nez de boxeur jette un regard venimeux sur la figure congestionnée qui s'aplatit sur le pare-brise.
Le passant frappe à la vitre.
Nez de boxeur ouvre brusquement la portière. Le passant est projeté vers l'arrière et dégringole dans le caniveau.
 Installé au volant, Mamadou part d'un grand rire tonitruant en voyant le type dans la boue, agiter ses bras et ses jambes comme un cafard retourné sur le dos.
Nez de boxeur toise le cafard.
-Dégage!
Le passant se met difficilement à genoux puis debout. Il s'éloigne en chancelant.
Nez de boxeur retourne dans la voiture. Il soupire, actionne les essuies-glace puis, tourne la tête en direction de Mamadou. Le Burkinadé lui adresse un beau et grand sourire.
-Pourquoi tu rigoles tout le temps ? demande nez de boxeur
-Parce que... la vie est belle non, patron ?  répond Mamadou.
-Ouais.. Grogne nez de boxeur
-Alors moi, je rigole.
Nez de boxeur n'écoute plus, il fixe le bras de l'africain.
-Chouette ta montre, dit-il en dodelinant sa grosse tête.
(A suivre)

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