dimanche 15 mai 2011

Leçon de morale


Il faudrait que James Ellroy soit beau. Il faudrait aussi qu'il affiche des opinions de gauche. Qu'il vote Obama, qu'il se promène en voiture électrique et qu'il soit le président-donneur  d'un paquet d'associations luttant contre la faim dans le monde. Bien sur, il ne serait pas à l'abri de petites contradictions comme par exemple faire de la pub pour Nestlé (l'affameur numéro1 du tiers-monde). Mais, pour tout le monde, il inspirerait le respect et  représenterait à lui seul le sérieux dans le travail.
Il écrirait des choses comme celles-ci :
"Il balança son pied dans la porte d'entrée, recula vivement, attendit une poignée de seconde et se jeta à l'intérieur. Un silence moqueur accueillit son intrusion. Le taudis sentait la poussière, le vieux en boite et l'hygiène ancestrale. Un évier fissuré se cramponnait au mur, une paillasse se répandait à terre en un amas de couvertures entassées.Quelques objets ménagers piquaient du nez dans une bassine d'eau stagnante, une caisse renversée provenant des docks remplaçait la table à manger; seule fantaisie dans cet antre crasseux, un heï-tiki à la face grimaçante planté au mur... X  passa son doigt sur l'évier fatigué: un mince filet de poussière, comme électrisé, se colla à sa peau. L'homme qui habitait ici était parti depuis plusieurs jours.
Il fouilla la bicoque de fond en comble, sans résultat . Le géant avait disparu sans laisser de traces, X quitta cet endroit nauséabond avec la perspective d'envoyer une équipe pour relever les empreintes.."




Bref, il serait l'idole, celui que l'on doit absolument imiter.
Mais, malheureusement, l'homme ne joue pas le jeu. Il n'est pas un apollon (nous pouvons même nous risquer à dire qu'il est moche) et il affiche clairement des idées réactionnaires.
De plus, il écrit des choses comme celles-ci :
"10,9,8,7,6,5,4,3,2,1,0- partez.
Ils montèrent l'escalier en courant. Ils dévalèrent les couloirs et trouvèrent le 311.Buzz ouvrit la porte. Crutch brandit son Rollei. Ils suivirent les gémissements d'extase jusqu'à une porte qu'ils ouvrirent à la volée.
C'était  grec en diable. Ils ne pouvaient rien manquer du spectacle : devant eux ,le Mutant trombinait le petit mari avec son engin monstrueux. Crutch pressa le déclencheur. Pop pop pop pop - la chambre fut illuminée  quatre fois par l'éclair aveuglant du flash. Le petit mari se mit à beugler le blues classique des pièges à pédés:
Comment as-tu pu me faire ça ? Le Mutant renfila son pantalon  et sortit par l'escalier de secours.
Buzz repéra un sac d'herbe  sur la commode et le rafla. Crutch se dit : C'est ça, la grande vie."


Eh bien oui, comme l'écrivait Céline (autre réac) dans Semmelweis : "Si les génies, en apparaissant au monde, savaient sur quel genre de musique  on les ferait danser, ils se tiendraient à carreau."


Julius Marx
ps: le texte "nauséabond" est d'un auteur très connu et très à la mode et très sympathique semble-t-il..
Quant à celui du maître, il est extrait de Underworld USA évidemment .

4 commentaires:

  1. C'est le premier texte ou le deuxième celui d'Ellroy ? Je pense que c'est le deuxième, mais comme tu as mis "il écrivait" je me suis demandé. C'est pas "il écrirait" que tu as voulu mettre ?

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  2. Non, pour le final en apothéose, je suis repassé au présent. C'est donc : il écrit.
    Merci de suivre mes idées (quelquefois même de les précéder) avec autant d'attention.

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  3. Ps : pour la première partie, tu as évidemment raison, j'ai rectifié.

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  4. De rien ! Mais je n'ai pas pu identifier l'écrivain bien sous tous rapports... Aurais-tu un indice, que je ne le lise pas au cas où je le croiserais...

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