jeudi 19 mai 2011

Et les étoiles ne regardent jamais en bas (27)

Oui, c'est vrai, il y a  la fine pellicule de mousse  résillée.
Mais, cette couleur, et ce nez de détergent..
-Vous ne buvez pas?
-Non, répond Outis, en repoussant sa tasse de café.
Elle le regarde, dans ses yeux il voit chaleur, réconfort et un peu de tristesse, quand même.
-Vous vous posez pas mal de questions à mon sujet, évidemment?
Elle hausse les sourcils / joue admirablement la fille qu'elle n'est pas du tout.. Détachée, presque distante.
-Qui est ce type? poursuit Outis... Hein?
Elle sourit / que peut-il faire contre ça?
-Je suis détective privé.
La cafétéria est quasiment vide, pourtant, une mère accompagnée de ses quatre rejetons choisit la table voisine.Les gosses sont fiers de leurs ballons rouges et jaunes.
Outis se rapproche de Sarah.
-Qu'est-ce que vous dites de ça, mademoiselle Baum?
-Intéressant, répond Sarah.
-Vous savez, dit Outis, en général, c'est moi qui fait parler mes interlocuteurs.
Nouveau sourire/ Ah ! la mèche revient sur son oeil.
Les gosses se sont lassés des ballons. Ils veulent  du solide. Braillements et paires de claques, la mère s'énerve.
C'est au tour de  Sarah de se rapprocher
-Pourquoi Veninsart?
-C'est une longue histoire.. soupire Outis
Un des gosses dégringole de sa chaise. Derrière sa caisse, le gérant de la cafétéria grogne .L'employé modèle rapplique ventre à terre.
-On sort, propose Outis.

-Blanquart ! J'ai horreur que l'on jure, Blanquart, j'ai horreur que l'on fume !
-Merde, merde, merde, fait l'inspecteur Blanquart avant de téter comme un forcené l'embout de son cigarillos.
Il crache un gros nuage de fumée bleue vers le ciel.
-Je t'emmerde Monsieur de mes deux!
Le gardien se recroqueville encore un  peu plus au fond de sa guérite, décidant qu'il n'avait rien entendu, reportant son attention sur la tranche de pâté de foie , sur la table, devant lui.
Lorsqu'il attrape sa baguette, Blanquart n'est plus qu'un mauvais souvenir. Il soupire. Il tranche la baguette en deux.

Outis pénètre dans un sous-bois.
Une puissante odeur de moisi. Un remugle de champignons et de feuilles.
Sarah s'installe au volant. Son regard dit " j'ai autre chose à faire que de m'occuper de l'entretien de ma voiture."
On remonte un grand boulevard. On dépasse plusieurs statues de même facture. Les piétons traversent sur les passages réservés, aucun véhicule ne cherche à quitter sa file.
Plus tard, nous sommes devant un alignement rigoureux de constructions récentes. Même style, même nombre d'étages , seul leur  numéro est différent. Sarah s'arrête devant le 6.
Un panneau en faux marbre annonce : Résidence des bords de Veûle.Propriété privée 
Ils descendent. Outis  remarque, là-bas, une péniche qui remonte le canal. Sur le pont, flip, flop, la lessive de la semaine.  Sarah le rejoint.
-C'est sympa ici, non?
Outis lui prend la main.
-Tu as bien réfléchi?
-Oui, bien sûr, répond Sarah dans un mouvement de tête.
Bien . La mèche rebelle est maîtrisée.

Dans son trois-pièces
Statuette hindoue, meubles exotiques, imposant canapé de cuir blanc et au mur,  une reproduction  de figure le soir de Paul klee.
La neige virevolte devant la grande baie vitrée, orientée face au canal.
-Installe-toi, dit Sarah, je vais faire du café.
Outis  s'enfonce dans le canapé.
De la cuisine, la voix de Sarah annonce :
-Alors, si tu me racontais tout?
-Si tu me parlais d'abord de l'association colombophile du Nord.
-Quelle association ? dit Sarah en revenant dans le salon, un plateau à la main.
(A suivre)

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