mercredi 30 mars 2011

Et les étoiles ne regardent jamais en bas (14)


Un homme en tablier blanc
Il dépose un gros poisson à l'oeil vif sur sa planche de travail . Il explique la signification du nom de ce poisson qu'il est maintenant occupé à découper.
Remarquez les deux taches rondes et symétriques de chaque côté de la tête de ce Saint-Pierre ...
Avance rapide / le film défile à grande vitesse
Davis respire bruyamment, passe la paume de sa main sur son front luisant de sueur.
Le gros doigt boudiné de Maître Richard enfonce le clic de la souris.
Le film stoppe net / l'image revient
L'homme au tablier blanc touille la sauce avec un fouet dans une petite casserole
La musique qui accompagne son geste est de type classique.
-Vous êtes un incapable, grogne Richard sans cesser de regarder le film.
Davis attrape la souris se penche sur l'ordinateur / il clique/ ouvre des fenêtres totalement inutiles
-C'est pas possible ! crie Davis
-J'ai bien peur que si, répond le notaire en s'extirpant difficilement de son fauteuil
-C'est pas possible, répète Davis sans cesser de cliquer
L'ordinateur bug/ Davis ôte la clé USB la regarde comme si elle allait parler.
D'un regard fou, il lui demande de s'expliquer, la serre dans sa main avec la volonté de lui faire mal, comme il a l'habitude de le faire avec les petits malfrats qu'il martyrise.
-On vous a berné, annonce Richard en se servant une grande rasade de Single Malt.
Davis ouvre la bouche mais ne peut prononcer le moindre mot.
Richard avale une grande lampée.
-Je... je vais le trouver, dit Davis
-Ah, oui ! Et comment ? Demande Richard avec un mince sourire sur ses lèvres lippues.
Davis frappe dans la paume de sa main avec son poing fermé
-Le type... Celui qui m'a refilé ce truc (il montre la clé USB) il doit savoir où se trouve le vrai film !
-Possible, admet Richard en referment la porte du petit meuble d'angle en acajou qui renfermait son bar personnel, vous avez probablement son adresse ?
Davis frappe une fois encore / un son guttural sort de sa gorge.
-J'en déduis que non, ironise Richard
Il allonge son gros museau et replonge dans le verre. Puis, fixe de nouveau son visiteur.
-Allons, fait-il en se dirigeant vers le petit guéridon supportant le téléphone, dans une situation comme celle-ci, la sagesse commande de s'adresser à la police.
Sans lâcher le verre, il empoigne le téléphone
Davis sent un courant d'air glacial remonter le long de son dos.
Pas de doute, le gros est devenu fou...

Vers minuit
Outis foule le carrelage du grand hall de l'hôtel de la Paix.
Le réceptionniste, un type trapu d'une cinquantaine d'années au menton lourd, est plongé dans le catalogue d'une grande surface spécialisée dans le bricolage.
Lorsque Outis arrive au comptoir, il lève la tête, pose à regret le catalogue.
-Oui, je peux vous être utile demande l'homme d'une voix sans timbre?
-Une chambre, répond Outis au message enregistré.
Plus tard / La chambre/ Pièce unique flanquée d'un embryon de salle de bains.
Meubles bleus et jaunes, microscopique poste de télévision et lampadaire tire-bouchonné. Au mur, un barbouillage prétentieux assure la notoriété culturel.
Allongé sur le lit, Outis fait son choix dans la frêle mosaïque de la journée.
Le visage tuméfié de Valence / celui du rouquin/ la trogne vinassée de Blanquart.
Blanquart... Outis se lève d'un bond . En deux enjambées, il est à la fenêtre, écarte doucement l'épais rideau.
Dans la rue, à cheval sur le trottoir opposé, il remarque une Renault 21. Il ne distingue qu'un homme, assis au volant. Le bout incandescent de sa cigarette trahit sa présence.
Retour sur le lit. Ses yeux se ferment doucement.
Rendre une petite visite aux amateurs de pigeons... Le film, récupérer le film... Sa seule chance de résoudre l'affaire... Quelle affaire?... Demain...Demain.


Le crayonnage se vante d'une parenté avec Scellen-Engel de Paul Klee
Richard repose le porte-mine sur le secrétaire
-C'est noté... Comment? Quel problème? Allons, vous connaissez ma réputation.
Dois-je vous rappelez nos arrangements? Non, ce n'est absolument pas un chantage..
C'est ça... Au revoir.
Le notaire repose le combine en traitant son interlocuteur d'imbécile.
Davis s'approche, craintif. Il tient toujours la clé dans sa main.
-Bon, c'est réglé, soupire Richard en admirant son chef d'œuvre griffonné.
Il déchire le feuillet et le tend à Davis.
-Maintenant, c'est à vous de jouer, lance Richard. J'ose espérer que cette manche sera la vôtre.
Davis prend la feuille avec une expression mêlée de crainte et d'étonnement.
- C'est votre dernière chance , ajoute Richard en le fixant droit dans les yeux.
Davis baisse la tête. Sous le dessin bizarre, il lit une adresse
Hôtel de la Paix / chambre 27
A suivre 

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