lundi 7 mars 2011

Le cas Ellroy (II)





Dans le roman criminel violent et réaliste à l'américaine(roman noir) l'ordre du droit n'est pas bon, il est transitoire et en contradiction avec lui même. Autrement dit, le Mal domine historiquement. La domination du Mal est sociale et politique. Le pouvoir social et politique est exercé par des salauds. Plus précisément, des capitalistes sans scrupules, alliés ou identiques à des gangsters groupés en organisations, ont à leur solde les politiciens, journalistes et autres idéologues, ainsi que la justice et la police et des hommes de main.
Ceci sur tout le territoire, où ces gens, divisés en clans, luttent entre eux par tous les moyens pour s'emparer des marchés et des profits. On reconnait là une image grossièrement analogue à celle que la critique révolutionnaire a de la société capitaliste en général . C'est une évidence.
Jean-Patrick Manchette  "Cinq remarques sur mon gagne-pain"
Les Nouvelles Littéraires n° 2565 décembre 1976

Il est bon et pour tout dire rassurant de voir ainsi imprimé et exprimé  le "champ de bataille" du roman noir.  Celui qui se lance dans le combat  trouve donc ici,  la voie à suivre, un chemin balisé.
Un chemin qui  part évidemment  de  La Moisson Rouge de Dashiell Hammett .
Pour savoir si Ellroy à lui aussi  puisé pour sa trilogie dans l'oeuvre fondatrice (peut-être même sans en avoir réellement  conscience qui sait?) détaillons ces points plus  précisément.
-L'ordre du droit n'est pas bon
C'est le moins que l'on puisse dire !
-Le pouvoir social et politique est exercé par des salauds
Présidents, hommes politiques corrompus jusqu'au trognon, chefs de syndicats et surtout Hoover l'ordure
-Gangsters groupés en organisations
Mafia, mais aussi mercenaires, KKK etc..Puis, Justice, police et hommes de main (tueurs)
-Sur tout le territoire, les clans luttent.
La structure même des 3 romans le montre clairement.
Et enfin, l'appellation même du roman noir  ( violent et réaliste) colle parfaitement à l'ensemble.
C'est important parce qu'Ellroy symbolise à lui seul  le vrai retour du roman noir.
Chez lui, pas d'avocat poète ni de privé qui joue du violon en écoutant de la musique classique .
Non, seulement de la violence et du réalisme.
Evidemment, "son terrain de jeu" est assez vaste et les "joueurs" se comptent par centaine. Il a de la matière, et il le sait bien le bougre!
Pour finir, voici une phrase d'Orwell qui parle du Voyage au bout de la nuit et qui s'adapte fort bien, à mon sens à  la trilogie d'Ellroy.
"Le voyage est un livre à thèse, un livre qui veut dénoncer les horreurs et les absurdités de la vie. C'est un insoutenable cri de dégoût et d'écoeurement, une voix qui nous vient de la fosse d'aisance."
Alors, la trilogie USA, le "Voyage " de notre génération?
Julius Marx

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