jeudi 31 mars 2011

Flux et reflux


Depuis quelques semaines, la Tunisie est victime d'un flux continuel d'immigrés. Victime, parce que les hommes et les femmes de Tunisie, ressentent tous la nécessité d'aider ces nouveaux venus, oubliant volontairement les heures difficiles qui rythment leur propre quotidien.
Pourtant, ils ne se posent absolument pas de questions (comme dans d'autres lointaines démocraties) et nous répondent toujours quand on leur demande pourquoi, qu'ils ont simplement le devoir de secourir.
Les populations d'immigrés ont traversé les frontières de la Libye voisine mais, il serait faux de croire que tous sont de nationalité libyenne.Au contraire, les libyens ne sont qu'une minorité et trouvent aussitôt asile dans des familles tunisiennes qu'ils visitaient déjà, pour la plupart, avant la révolte contre Kadhafi. La famille s'élargit donc  une fois de plus avec une solidarité sans aucune limite.
Et puis, si  les égyptiens, les nord-coréens, et les chinois n'ont fait que "passer"; pour les autres, ceux qui restent, c'est malheureusement toujours le même refrain.  Les immigrés de "seconde zone" : somaliens, tchadiens ou bengladeshi, qui ne possédaient pas grand-chose en Libye, se retrouvent avec  moins que rien de l'autre côté de la frontière. Pour eux, il y a les camps de réfugiés ( leur statut a changé en cours de route), les organisations humanitaires, et une longue attente qui commence.
Mais, ces populations sont entraînées aux luttes contre les différentes brimades. Certains racontent l'enfer qu'ils vivaient de l'autre côté. La guerre et ses atrocités? Non,  même pas, juste la vie quotidienne et la difficulté d'être misérable, sans défense et d'une autre couleur de peau. D'autres encore ont étés dépouillés de leur maigre bagage sur la route de la liberté. Mais, ils sont encore en vie et remercient Allah.
De beaux villages de tentes (qui plairaient beaucoup à Berlusconi) ont donc poussés le long de cette frontière.
Nul doute que nos valeureux pilotes de Rafale, juste avant de larguer leur missile à 400.000 euros sur la tête des sbires de Kadhafi, peuvent apercevoir le petit point blanc, tout en bas  dans les dunes, s'ils prennent la peine d'ôter leur paire de Ray-ban évidemment.
Ce matin, en reluquant les différents étals du marché aux poissons, je constatais que la hiérarchie, ici aussi, était respectée. Tout au-dessus de l'étalage, il y a les crevettes royales à 30 dinars le kilo ( sachez que le salaire minimum en Tunisie est de 280 dinars environ) elles portent donc toujours bien leur nom et, de leur piédestal, observent la situation sans nervosité apparente en conservant leur jolie couleur . Et puis, viennent les Saint-Pierre, les dorades et autres loups. La "classe moyenne" des poissons a connu des temps agités mais, elle a su rester tête droite et oeil vif .
Pour la lotte, c'est une autre histoire car  la pauvre a vraiment une sale tête. De là à parler de délit de sale gueule, il n'y a qu'un pas! Un autre qui n'a pas une très belle tête non plus, c'est un poisson qui a traversé la Mer Rouge pour échouer dans notre mer. A cet intrus, on a donné le nom de "poisson-cochon" ce qui, avouons-le, ne facilite guère son intégration. Enfin, viennent les touts petits poissons, bourrés d'arêtes, qui finissent à la soupe populaire.
Ah! J'oubliais le fameux thon rouge, pêché au large des côtes libyennes . Par les temps qui courent, le pauvre se fait de plus en plus discret.
Mais, de toutes façons, les scientifiques nous prédisent une prochaine disparition des espèces, alors...
Julius Marx


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