"J'aime lire allongée sur un canapé, mais ceci n'est pas une profession, hélas." Fran Lebowitz
jeudi 20 janvier 2011
Bienvenue aux opposants!
Septième jour (après B.A.)
Traditionnellement, c'est l'appel du muezzin qui nous réveille le matin, vers 5h 30. Ensuite, c'est le train, avec ses puissants coups de sirène qui ressusciteraient un mort.Il faut admettre que les passages à niveau sont "perméables"....Il est 7h.
Puis, enfin, ce sont les cris et les jeux des enfants de la garderie scolaire qui jouxte notre maison...8h, c'est une heure acceptable pour se lever.
Depuis la chute de B.A, seul l'appel à la prière a perduré. Je ne cherche aucunement à y voir le moindre signe.
De train, il n'y a plus, mais les enfants sont revenus ce matin même dans la cour de leur établissement.
Curieux d'ailleurs d'écouter les chants enseignés par les éducatrices. Il y a bien entendu les traditionnelles sourates, récitées à l'unisson par la troupe dès l'entrée à l'école. Mais, au cours de la journée il n'est pas rare d'entendre, glissés entre les chansons populaires, "La danse des canards" et même," le Zizi "de Pierre Perret!
Laissons les jeux et intéressons nous aux affaires internes beaucoup plus sérieuses. Les opposants reviennent du monde entier sur leur terre natale. Qu'il est doux d'entendre leur accent canadien ou de Belleville.
Dans notre village, notre opposant s'appelle "M". L'homme tient une quincaillerie face au magasin de fruits et légumes, "les 5 saisons" que vous connaissez bien. Nous l'appelons l'opposant parce que chez lui, il était impossible d'aller acheter la moindre ampoule sans recevoir une leçon d'économie mixte. Le cours pouvait durer jusqu'à une demie-heure. Vous comprenez maintenant pourquoi nous préférons ne pas remplacer toutes les ampoules sur le champ.
M est un homme d'une grande mansuétude qui ne ménage pas ses efforts. C'est dans son magasin, au milieu des tuyaux de zinc et des pommeaux de douche que nous avons appris les rouages du système B.A.
Même chuchotées, ses révélations avaient du poids et nous laissaient souvent perplexes.
Aujourd'hui, sa modeste échoppe ressemble à l'assemblée nationale. Chacun vient y confronter sa vision de l'avenir avec celle du voisin. Les ampoules attendront, la révolution d'abord!
Ne voulant pas m'immiscer dans la politique d'un pays frère, j'opte pour la librairie.
Sur le chemin, je croise un bon nombre d'hommes avec un mètre pliant ou dérouleur en mains. C'est l'objet indispensable du moment. Il faut mesurer largeur et longueur des vitrines pour remplacer les vitres.
La marchande de journaux m'apprend que mon journal télé favori n'est pas encore arrivé. Demain, inch' Allah. En souriant, elle me pose sur le comptoir le dernier numéro du "Canard Enchaîné ".
-Et ça, tu le veux? demande-t-elle fièrement.
Signe des temps, même les opposants étrangers sont de retour.
Je ne suis pas un lecteur du Canard. Je le prend quand même, pour lui faire plaisir, pour soutenir la révolution.
Julius Marx
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