mercredi 19 janvier 2011

Grand nettoyage



Sixième jour (après B.A.)
La chasse est ouverte! Les maisons "familiales" brûlent. A la télévision, nous avons vu l'arrestation de l'ancien chef de la police privée de BA. Ce n'était pas sans rappeler une triste période de l'histoire de France..
Peut-être que nous pourrions, là aussi, donner quelques conseils  aux insurgés. Ce genre de situation produit toujours de magnifiques images à conserver pour la postérité. Et puis, elles on l'avantage d'être déjà en couleur, inutile donc de les re-colorier comme l'a fait le couple Costelle/Clarke , avec, en supplément, ce petit son si particulier travaillé en studio de la tondeuse en action, sur le crâne d'une accusée de collaboration horizontale.
Dans le village,  les habitants ont décroché et piétiné le portrait du guide suprême. Mais, ce n'est pas fini, les collabos courent toujours. Je sais que la blanchisseuse a lavé et repassé les chemises brodées d'un des membres de la famille ( je l'ai même écris). Je sais aussi que la marchande de journaux a vendu pendant de nombreuses années les quotidiens de l'Etat, avec tous les jours, un portrait du président à la une. Ils étaient même exposés sur le trottoir! Et puis, encore plus grave, il y a le marchand de fruits et légumes qui a eut l'audace de faire fabriquer (mais oui, il a osé) un sac plastique appuyant la campagne du maître pour  2009.
Et  que dire  des nombreux cafés, restaurants et boulangeries"du 7 novembre" (jour de l'investiture de B.A) ?
A ce propos, un récent décret interdisait aux boucheries l'honneur de cette enseigne. Le législateur avait vu juste!
Il faut aussi s'occuper, dès que possible, de certains cinéastes qui ne produisaient que des oeuvres  ayant pour sujets principaux la condition des femmes en 1960 ou les différentes batailles pour la libération du pays, sans se soucier le moins du monde de la vie sociale.
Retournons chez nous. Dans notre petit super-marché, c'est bien plus chaleureux.
Ce matin, une vieille femme aux yeux  si clairs qu'ils font chavirer, se présente à la caisse devant nous.
Elle dépose ses achats. Le caissier  les enregistre et lui tend la monnaie en riant . Ma compagne qui comprend maintenant un peu la langue, saisit le mot "chat". Elle demande pourquoi le caissier lui parle de son chat en rigolant.
La vieille  femme nous regarde, puis, baisse la tête, affichant un petit air de culpabilité.
Le caissier, toujours souriant, explique qu'elle a acheté une boite de pâté pour chats. Ceci peut paraître anodin mais, dans ce pays, les chats sont habitués à se nourrir seuls et vivent généralement près des poubelles.D'ailleurs lorsque vous jetez vote sac dans la poubelle, il y a souvent trois ou quatre matous qui  jaillissent en poussant des cris. L'effet de surprise est assuré.
Revenons à notre vieille femme aux yeux clairs.
Elle explique que son chat est gros et qu'il demande toujours plus à manger. Le caissier (rejoint par un autre)
rigole de plus belle. Nous apprenons aussi que ces derniers jours, il ne mangeait pas, mais aujourd'hui , Dieu merci, il se rattrape. Pour le caissier, l'explication est simple: le chat a été stressé par la révolution !
La femme sourit à son tour et lui fait signe de se taire, gentiment.
L'autre caissier ajoute : "c'est de la faute de BA !"
La  vieille femme dodeline de la tête et sort.
Nous la suivons des yeux un moment . Elle passe devant le poste de police incendié. Des peintres s'occupent de la façade. Elle disparaît.
Nous espérons que son chat sera satisfait.
Julius Marx

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