vendredi 21 janvier 2011

Insécurité


Vendredi (une semaine après B.A.)
-Allo !
-Oui...
-Tu dormais ?
-Non, ça va ..Qu'est-ce qui se passe?
-Ecoute celle la...Elle va te plaire. C'est l'histoire de deux types complètement bourrés qui décident de faire une bonne blague à leur cousin. T'es là?
-Oui... continue..
-Le cousin, il habite dans une maison , près de la mer, bien isolée.. Tu vois le style ?
-Oui.
-Bon, les deux arrivent près de la maison, c'est la nuit. Ils enfilent des cagoules et, ils se mettent à tambouriner sur la porte d'entrée, à pousser des cris. Le cousin, retranché dans sa baraque, sort son fusil et tire à travers la porte. Les deux types sont morts. C'est dingue !
-Comme tu dis..
C'est un fait, par ces temps perturbés,  la sécurité reste la préoccupation numéro un des habitants.
Ensuite, c'est probablement de se demander comment ils vont pouvoir survivre dans les mois qui viennent.
Les hôtels (principale source de revenus dans cette ville) sont tous fermés. Les employés sont rentrés chez eux, renvoyés par les patrons. C'est une habitude. Ici, pas de sécurité de l'emploi. Les contrats, quand ils existent, sont régulièrement cassés lorsqu'une triste période de "non-remplissage" s'annonce. Celle qui arrive risque d'être particulièrement difficile.
Le grand hall de l'hôtel S. Pas de débardeurs, de ventres débordants  du short, ni de vêtements aux couleurs si particulières qui me font souvent me demander : mais pourquoi faut-il s'habiller ainsi pour les vacances?
Non, rien ni personne. Je regrettai presque les hommes  qui reviennent de la médina avec un kefieh sur la tête pour jouer les Bédoins, les septuagénaires femelles qui défilent  avec une pénible imitation d'un  tee-shirt de marque de deux tailles trop petit pour elles,  et les bons pères de famille qui se promènent torse nu, même au restaurant.
Je n'aurai jamais pensé qu'ils me manquerait un jour.
J'arrive près de la petite piscine. C'est le plus bel endroit de l'hôtel. Les oliviers s'occupent des indispensables zones d'ombre. En été, c'est ici que l'on vient se cacher. La mer est beaucoup trop chaude. Dans ma petite piscine, elle reste fraîche. Et puis, les deux  autres piscines sont  victimes de la sempiternelle musique d'ambiance et de l'animation. Le touriste en vacances ne doit jamais s'ennuyer , sinon, il finira par choisir la Croatie.
Je sors de l'établissement par le bord de mer. Là aussi, à la place des chaises-longues, des restes de barricades. Le ciel est gris, le vent soutenu.
Je rentre. J'espère que je ne vais pas me faire attaquer en chemin.
Julius Marx

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